Suite — Pour la première fois, une expédition naturaliste est conduite dans le Makay en période sèche. Après les inventaires de biodiversité réalisés en 2010 et 2011, en pleine saison des pluies, l’expédition Makay 2017 pourrait révéler la présence d’espèces rares, voire inconnues dans le massif. Les scientifiques de la mission ont lancé un avis de recherche sur les 10 animaux et végétaux suivants.
FOSSA (Cryptoprocta ferox)
Plus grand prédateur et mammifère sauvage de l’île – 140-170 cm ; 5,5 à 10 kg –, le fossa est l’un des 10 représentants de la famille de carnivores endémiques de Madagascar appelée « Eupleridae ». Excellent grimpeur, Cryptoprocta ferox montre de nombreuses adaptations à la vie arboricole : queue employée comme balancier, griffes semi-rétractiles, corps musculeux, chevilles réversibles… Il peut se nourrir de mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens. Sur certains sites, les lémuriens représentent plus de 50% de leur régime alimentaire. Obtenir des images du fossa – actuellement seulement capturé par piège photographique – serait une première pour le Makay et d’une grande utilité pour étudier le comportement de cet animal considéré comme vulnérable.
HAPALÉMUR DE RANOMAFANA (Hapalemur griseus ranomafanensis)
Ce lémurien de petite taille – corps = 30 cm ; queue = 37 cm – et à la fourrure grise est souvent associé à la présence de bambou, qui constitue trois quart de son alimentation. Avec une poche de population au centre-est et l’autre au centre-ouest, la distribution de l’Hapalémur de Ranomafana est brutalement scindée en deux. Après la découverte de plusieurs individus dans le Makay en 2010-2011 et l’observation d’un groupe en 2015, la localisation de nouveaux groupes et leur cartographie est l’un des grands enjeux de l’expédition Makay 2017. Le statut de conservation de cette sous-espèce reste également à définir, les données récoltées au cours de la mission iraient dans ce sens.
BAOBAB ZA
Huit espèces de baobabs sont recensées dans le monde : l’une en Afrique, une autre en Australie, et les six restantes exclusivement à Madagascar. Elles appartiennent toutes à la famille des Malvacées et au genre Adansonia mais les baobabs malgaches font figure d’exception. Ils vivent isolés, chacun dans un écosystème particulier, séparés géographiquement par la barrière que forment les plateaux du centre de l’île. Le Za est lui endémique du Sud et du Nord-Ouest. Avec ses racines aériennes impressionnantes, son tronc en forme de bouteille et ses quelques feuilles qui tombent pendant la saison sèche, il donne l’impression d’avoir été planté à l’envers. Attester de la présence d’Adansonia za dans le Makay serait une donnée intéressante, au moment où il disparaît progressivement de son aire de répartition.
HYMENOPHYLLACEAE
Derrière ce nom scientifique alambiqué se cache une famille d’une cinquantaine de fougères typiques des forêts sempervirentes des régions humides du Centre et de l’Est de Madagascar. À l’Ouest, seule une espèce – parmi les plus grandes (10-20 cm) et les plus coriaces de la famille – est pour l’instant connue. De par leur dimension centimétrique et leur limbe d’une cellule d’épaisseur, les Hymenophyllaceae sont très sensibles à la déshydratation et à tout changement brutal (ouverture, défrichement, feu…), ce qui en font d’excellentes indicatrices de la qualité des milieux tropicaux. « Au vu de l’ambiance des canyons qui bordent le camp de Beora, j’espère vraiment trouver des représentants de cette famille, ce qui élargirait grandement leur aire de répartition à Madagascar. » lance Catherine Reeb, botaniste à l’UPMC, au groupe d’éco-volontaires qui l’accompagne.
APHAENOGASTER SP.
Quand on parle de fourmis à Madagascar, il faut parler de « mégabiodiversité » : plus de 1000 espèces y sont connues à ce jour, dont 95% sont endémiques de l’île. Dans le cas du Makay, suite aux expéditions de 2010 et 2011, 36 genres différents ont été décrits – et d’autres restent encore à décrire – par l’entomologiste Brian Fisher et l’équipe du CAS (Californian Academy of Sciences), présente au sein de l’expédition Makay 2017. Leur principal objectif est de trouver une fourmi du genre Aphaenogaster, inventoriée pour la première fois dans le massif en 2010, mais pour qui toutes les castes de la colonie – larves, mâles, ouvrières et reine –, indispensables à l’identification de l’espèce, n’avaient pas été récoltées à l’époque. Échantillonner l’intégralité d’une colonie permettrait de parachever le travail initié en 2010.
Le début de la liste dans l’ÉPISODE 1 de « MOST WANTED »
Un article made in Natexplorers rédigé par Julien Chapuis et Barbara Réthoré.