25 novembre 2010, Camp de base Makay Nature (21°13’22.5’’ S – 45°19’30.6’’ E).
Hormis un rôle de co-organisateur aux côtés d’Evrard dans le projet Makay Nature, depuis que nous sommes sur le terrain, j’agis pour faciliter la vie à tous les participants, équipe de tournage comme scientifiques. En résumé, beaucoup de logistique, il faut en effet veiller à ce que tout le matériel et les personnes voyagent dans de bonnes conditions et arrivent à bon port en respectant, si possible, le planning fixé par avance. Et une fois sur place, il faut continuer à alimenter le camp avec les différents consommables (nourriture, carburants, matériels). Et c’est là que tout se complique. L’accès dans le Makay est complexe et aléatoire comme vous avez pu le découvrir dans les articles relatant le début de l’expédition. En effet, nous sommes en pleine saison des pluies, et il ne faut qu’un orage pour que la piste devienne totalement impraticable : l’eau ravine et creuse les ornières, le sol devient glissant rendant difficile les franchissements déjà délicats et surtout, les rivières sont en crue et il est impossible de les traverser « à gué ». Les convois sont donc directement rythmés par la violence des orages : une forte pluie et plus rien ne circule…
Nous sommes à peu près 85 personnes au camp de base en ce moment dont 12 villageois de Tsivoko qui donnent un coup de main. Certains partent la journée avec une équipe de scientifiques, d’autres aident aux tâches du camp (collecte de l’eau de source, aménagement, aide à la cuisine, etc.). Tous collaborent avec nous et nous nous enrichissons mutuellement. Ils nous apprennent leurs coutumes, nous présentent leur environnement, nous leur expliquons ce que nous faisons ici chez eux, pourquoi nous menons de telles recherches sur le terrain. Nous en profitons pour tenter de comprendre pourquoi ils ne cessent de brûler la forêt, et leur passons des messages…
Pour toute la période où nous allons être sur le terrain, ce ne sont pas moins de 6 500 repas qu’il va falloir servir (petit-déjeuners compris). 4 cuisiniers et 2 aides cuisiniers se partagent les tâches sur le camp de base et sur les camps avancés. Pour ne pas « piller » les réserves du dernier village rencontré (Tsivoko), nous faisons venir une partie de la nourriture de Tana, en taxi brousse d’abord entre Tana et Ranohira, puis en 4×4 jusqu’à Tsivoko, et enfin à dos d’homme jusqu’au camp de base.
Sans l’expérience de l’expédition de janvier dernier, il ne nous aurais pas été possible d’organiser une telle aventure.
Nous avons besoin de 4 types de carburant, tout d’abord du gasoil pour les 4×4, la dernière pompe est loin et il est nécessaire de refaire les pleins une fois à destination, de l’essence pour les groupes électrogène de l’équipe du film, du gaz pour la cinébulle (ballon à air chaud à moteur) et enfin, du JET-A1 pour l’hélicoptère. Le carburant est chargé à Tana dans un camion « classique » qui va le transporter dans des fûts de 200 litres jusqu’à Sakaraha, là, il sera chargé dans un camion deux fois plus petit pouvant emprunter la piste en mauvais état jusqu’à Fanjakana, puis dans des charettes deux bidons par deux bidons jusqu’à la rive sud du fleuve Mangoky sur lequel il n’y a pas de pont. Les fûts traverserons sur des pirogues et seront de nouveau chargés dans des charrettes pour traverser le village et la rivière Makay. Ils seront ensuite chargés dans des 4×4 qui font des allers-retours entre Beroroha Ouest et Tsivoky…
La piste est tellement mauvaise et aléatoire que les pannes ou les arrêts sont nombreux, il est très difficile de tenir un planning ! Et une grande question récurrente se pose : le prochain ravitaillement arrivera-t-il avant que les réserves s’épuisent ?
Il faut parfois des heures avant de pouvoir établir une communication entre téléphones satellite permettant d’échanger quelques bribes d’information. Et là, avec beaucoup d’imagination, on établit des pronostiques sur la position des 4×4 ou sur la liste des besoins. Bref, on navigue à vue et ça marche ! Pour résumer le travail de logisticien ici dans le Makay : l’incertitude est bien la seule chose sur laquelle nous pouvons vraiment compter !
Après avoir acheté presque quotidiennement des kilo de mangues, de bananes, de citrons verts, de poulets, de canards, voilà qu’aujourd’hui j’achète un zébu ! Décidément, organisateur d’expédition mène à tout type de surprise !