Jour 8 – Prélèvements sous la pluie et ballet nocturne d’insectes

Par Mélanie Lepenant.

Réveil sous une pluie battante ce matin, et la fatigue commence à peser après près d’une semaine sur le terrain. Vincent est toujours malade, ses mycoses l’empêchant de marcher. Il est décidé qu’il restera au camp pour soigner ses pieds, et je le remplacerai pour prélever des échantillons d’eau avec Pak Aslan, en vue d’analyses d’ADN environnemental. Nous revoyons les protocoles de prélèvement, puis partons pour un premier échantillon dans la rivière, juste en amont du camp. Bagus et Rindhang nous accompagnent. Le prélèvement est rigoureux pour éviter toute contamination extérieure : gants stériles, masques et nettoyage minutieux sont nécessaires. Après une heure à filtrer l’eau, nous retournons au camp.

Pendant ce temps, Vincent analyse les vidéos des pièges photos récupérés deux jours plus tôt. On y voit des anoas, des cerfs rusa, des singes, des civettes, des poules sauvages, des rats et des écureuils. Malheureusement, une carte SD est endommagée.

L’après-midi, la pluie se calme. Nous repartons prélever un échantillon dans le lac, cette fois accompagnés d’Andi. Pak Aslan, Rindhang et moi nous concentrons sur le prélèvement, tandis qu’Andi découvre le packraft. Bagus prend des images sous et sur l’eau. En récupérant les packrafts, nous constatons que, malgré les pluies, le niveau du lac continue de baisser. L’arbre qui était dans l’eau au jour 4 est maintenant à 5 ou 6 mètres du bord. Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons pour récupérer quelques poissons dans un cours d’eau. Andi et Bagus, à l’aide d’un filet, pêchent plus d’une cinquantaine de poissons en quelques minutes. Nous profitons une dernière fois de la vue magnifique, en nous demandant si le lac Hiuka existera encore dans quelques mois.

Pendant la journée, l’équipe archéologique poursuit la prospection de grottes avec notre guide, tandis qu’Ibu Sifatu prépare les plantes collectées durant la semaine, utilisées par les habitants pour divers usages.

Le soir, le temps se dégage enfin, et Vincent peut installer le piège lumineux qu’il attendait de monter. Trois morceaux de bois, un drap blanc, une lampe et le groupe électrogène suffisent à attirer des dizaines de papillons de nuit et d’insectes. Malheureusement, les abeilles géantes s’invitent aussi, et il faut rester prudent. Pendant plusieurs heures, un ballet de couleurs et de formes se déroule sous les yeux de Vincent, qui photographie chaque nouvelle espèce pour en faire un inventaire. Andi reste à ses côtés, veillant à l’arrivée possible de serpents attirés par la lumière.

De mon côté, je pars une dernière fois à la recherche de la fameuse grenouille, mais rentre bredouille. La pluie finit par interrompre les observations de Vincent vers 23h, car la lampe, mouillée, menace d’exploser.

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