Il est 6h00. Mathias et Hanitra partent relever les pièges posés la nuit dernière avec espoir. Ils ont en effet eu la chance d’être guidés par le fils du propriétaire de la forêt et chef du village d’Ambalamanga. Il les a emmené dans la forêt à l’ouest du camp à l’endroit même où le père nous a dit avoir déjà vu 7 espèces différentes de lémuriens.
A la même heure, presque tout le reste du camp prépare les affaires nécessaires à l’établissement d’un dernier campement en amont de la rivière Ankolitsiky. Paquetages minimalistes sur le dos, pieds nus pour certains, nous remontons la rivière non sans efforts. C’est peut être le moment fort de cette expédition, certains dirons « enfin un peu de sport! », d’autres éreintés par les sables mouvants et les passages étroits quelques peu périlleux sortiront de cet exploit indiscutable, sur les rotules. Il est tout juste 11h00.
L’installation de ce campement est sommaire, quelques tentes, une bâche à terre comme lieu de vie, une cuisine au bord de l’eau et le tour est joué. L’exploration peut commencer!
Enclavés dans un canyon, des barres rocheuses accidentées s’élèvent autour de nous à l’est et à l’ouest, cette œuvre monumentale nous paraît presque infranchissable. La forêt harmonieuse qui devait exister sur les flancs de ce canyon, a laissé s’installer peu à peu une nature anarchique, dense, cimetière d’arbre morts ou d’invalides recouverts de verts branchages. Par le chaos l’ordre tente de renaitre de ses cendres, chaque individu luttant soit par la force soit par la grâce pour ses droits.
J’accompagne Bruno en fin d’après midi, bien décidé à gravir ces parois afin de capturer des images de cette majestueuse nature environnante. Il y a quand même un documentaire à la clef !
Plusieurs solutions s’offrent à nous. Nous tentons la paroi du canyon ouest, se frayer un chemin au travers de cette forêt est quasiment impossible, les coups de hache ne servent à rien, nous rebroussons chemin. Loin d’être découragés, nous traversons la rivière. Qu’il en soit ainsi, ce sera la paroi Est. La progression reste difficile, les obstacles sont nombreux à franchir : attaques d’Euphorbe aux hostiles épines, plantes urticantes, lianes possessives, roches friables rendant l’escalade délicate… On s’accroche, on se baisse, on lutte, on grimpe, on sue, on glisse… mais là haut, quel spectacle ! La sérénité est absolue, le soleil se couche, les images dans la boite et dans la tête pour toujours, nous entamons la descente et rentrons au camp, salement heureux.
Evrard et Nico, ont découvert une cascade non loin du camp. L’idée folle de l’escalader est lancée. Nous en reparlerons très prochainement.
Cette nuit, le ciel découvert nous gate. Je n’avais jamais vu la voie lactée de si prés, si lumineuse. Ma contemplation, source d’un potentiel tortis-coli est soudainement altérée par la lampe frontale ( le projecteur ! ) d’Evrard qui semble sauté de branche en branche. Il a repéré un Lémurien, on aperçoit de temps à autre des yeux lumineux au travers du feuillage qui s’agite, un pelage marron, un petit bout de queue noir, c’est un Mirza. Magique.
Bravo et grand merci à toute l’équipe, de nous avoir fait vivre vos aventures presqu’en direct, par vos commentaires sympas et vos superbes photos.
Bonne fin de séjour et bon retour à vous tous !
Bravo mon frérot pour ces belles images et cette volonté !!!
Bonne fin de voyages
Anne-Laure
Bruno ayant été désigné le Rintintin des alpinistes dans la galerie de portrait, l’aventure de l’escalade avec Evrard laisse à penser qu’il y désormais un Tintin et un Rintintin (et non pas un Milou) dans cette expédidition.
En tout cas, des images et un commentaire à couper le souffle, qui doivent être peu de choses par rapport à ce qui s’est imprimé dans vos mémoires, veinards.
Nous vous souhaitons une bonne fin de vie sauvage et un retour sans encombre vers Tana.
A et G
Jessica, vous êtes une conteuse-née ! Un certain regard – le vôtre – nous permet d’approcher au plus près de ce que l’expédition affirme d’esprit scientifique, de goût pour l’aventure et de sensibilité artistique. Avec l’implication écologique, évidemment ! Je souhaite à tous et à toutes que ces derniers jours et ce dernier camp soient le point d’orgue de cette exceptionnelle aventure, si bien documentée par des récits, videos et photos. Et que tous cet investissement débouche sur une politique concrète en faveur du massif du Makay, de Madagascar…
Mais quoi, exactement ? En parcourant la galerie de photos, j’ai été frappée de voir combien il s’agissait ici d’une autre civilisation, d’une autre perception du réel, d’un autre mûrissement de l’humain. La distanciation intellectuelle, la sophistication technologique qui caractérisent notre vécu occidental semblent n’avoir que peu ou pas de consistance confrontées à ces images d’une absolue simplicité, d’une totale frugalité, d’une bouleversante nudité : quelques cases, des corps enveloppés de tissus colorés, des chèvres broutant de rares herbes sur un sol poussiéreux, quelques poissons et graines. Le tout comme materné dans le décor d’une puissante chaine montagneuse… Comment échapper au charme naturel de ces paysages ? Comment préserver ce qui tient du miracle le plus ancien de la vie sur Terre, cette présence de la Nature à l’état ( presque) brut ?
En face de cette merveille, se tient l’homme, tantôt scientifique, tantôt soldat, tantôt poète, tantôt prédateur ! Que réserve l’avenir au Makay, à la planète ? Vous êtes au coeur de la question
Evrard !!! BRAVO l’ami… toutes mes meilleurs pensées et que l’aventure continue ! PURA VIDA !!! BI JAPY