6 décembre 2010
Auteur : Nicolas Gabriel (Chef Opérateur Animalier de l’équipe de tournage)
Les lémuriens sont des primates primitifs qu’on ne trouve plus qu’à Madagascar. Les filmer pour le documentaire sur le Makay n’est pas une mince affaire. Ils se déplacent en sautant de branche en branche, et parfois en escaladant les rochers. Dès que la caméra est installée, ils sautent sur une autre branche et il faut les poursuivre pour tenter une autre prise de vue à travers un trou de feuillage qui permettra de les apercevoir.
Les propithèques au pelage blanc comme neige ou les fulvus au masque sournois réagissent curieusement à la présence des hommes sur leur territoire. Ils approchent tout près en émettant des grognements. On les croit curieux à leur façon de dodeliner de la tête. En fait c’est une tentative d’intimidation. Et si le caméraman reste en place, profitant de leur proximité inespérée, ce n’est qu’une trêve de courte durée dans cette quête à l’image animalière. Bien vite les lémuriens se replient dans les fondations inaccessibles, sur les reliefs escarpés, escaladant avec agilité les lianes, celles-là même qui prennent racine au sol et sur lesquelles trébuche le cinéaste au pied maladroit. Danses au rythme des lémuriens pour les filmer ou les photographier dans de bonnes conditions, est un sport d’endurance mais dont nul ne se lasse dans les décors majestueux du Makay.
Anecdote: l’hapalémur, un lémurien assez rare et surtout très discret, est bien difficile à trouver. Une odeur de fauve sur un rocher : c’est l’urine de l’hapalémur. Quelques mètres au-dessus : il se cache dans un buisson suspendu à la falaise. La caméra est prête à tourner. Coup de chance: c’est une femelle avec son petit sur le dos. Deuxième aubaine : le mâle rentre de son déjeuner pour venir l’encourager à quitter le gite malgré notre présence dérangeant leurs habitudes.
Le soleil s’est levé, la lumière est parfaite pour les filmer. Silence, on tourne! Malheureusement avec l’humidité de la nuit, de la buée s’est formée à l’intérieur de l’objectif. Impossible de filmer l’hapalémur si difficile à dénicher.
Par chance le soleil réchauffera l’objectif et dispersera la buée et les hapalémurs nous accorderont encore quelques moments précieusement enregistrés par la caméra.