Ce propithèque de Verreaux a reçu une petite seringue dans la fesse avant de faire, complètement groggy, une chute involontaire de plus de 10 mètres de haut pour atterrir d’abord en douceur dans un filet puis finalement dans les bras attentionnés du Docteur Ed Louis. Une manière bien cavalière de faire connaissance me direz-vous. Pourtant Ed aime ses animaux. Il en a découvert près de 30% des espèces et en a nommé 23. Son immense travail sur la génétique des populations de nos primates préférés depuis 1996 a eu un impact très important sur les campagnes de conservation dans tout Madagascar.
Lorsque j’ai cherché un spécialiste de la capture de lémurien, on m’a unanimement recommandé de m’adresser à lui mais aussi à ses collègues. Cette équipe compte les meilleurs traqueurs de lémuriens de Madagascar, mais aussi d’excellents tireurs. Heureusement car ils n’ont pas vraiment le droit à l’erreur. Que la flèche aille se loger ailleurs que dans le fessier et les conséquences peuvent être dramatiques.
Celui-ci avait vraisemblablement déjà subit quelques coups bien plus traumatisants avant de tomber sous le fusil anesthésiant d’Ed. Des cicatrices encore fraîches de lutte avec ses congénères mais également une trace plus ancienne large d’environ un centimètre et traversant de part en part sa jambe gauche. Le pauvre animal avait très probablement réchappé de justesse à la chasse locale.
Ed et son équipe l’ont mesuré, pesé, photographié. Ils ont pris sa température, fait des prises de sang et un petit prélèvement de poils pour analyse ADN. Anne Laudisoit en a profité pour lui faire les poux et les puces.
Puis l’animal a été relâché le lendemain au même endroit et à la même heure que sa capture, heureux malgré toutes ces attentions de retrouver les siens.