Changement de domicile

28 novembre 2010

Dans le Camp Avancé près du Lac d’Anontsilahy, certains membres scientifiques se sont mis au boulot. Pour repérer les lieux, Anne et Elodie utilisent sur les fameux Alpacka Raft (restants). Elles s’engagent donc dans le marigot en se faufilant entre les roseaux, de l’eau jusqu’à la taille. « Qu’est-ce qu’il disait déjà, Evrard ? Qu’il y avait du croco ?… »
Les scientifiques ne sont pas franchement rassurées… Mais motivées, elles s’activent pour pousser plus loin jusqu’à une jungle sur l’autre rive du lac et tenter de sortir de l’eau trouble. «Aaah, zut ! C’est inondé là aussi !».
Nos deux aventurières s’en retournent vers le camp, mais ça valait le coup puisqu’elles ont rencontré «Caroline», une tortue juvénile d’environ 3 ans, de l’espèce Erymnochelys madagascariensis, en danger critique d’extinction à Madagascar. Cette info a son importance, car elle indique que l’espèce continue à se reproduire, malgré la perte régulière d’une partie du territoire. Caroline est installée dans un bac afin de pouvoir l’étudier demain, et réaliser les prélèvements génétiques avant de la relâcher.

A peine rentrées au camp, Jean-Jacques crie : «Elodie : serpent !!!»
Devenu systématique dès que quelqu’un aperçoit un reptile ou similaire, le cri d’alerte destiné à notre herpétologue est lancé (non, un herpétologue n’est pas un guérisseur d’Erpes…). Il ne lui faut en général pas longtemps pour mettre la main dessus et l’observer.
Sur ce coup, c’est un sacré morceau ! La bête mesure 1.20 m, chose exceptionnelle pour cette espèce qui habituellement ne dépasse pas 60 cm… Même Rainer n’en a jamais vu de ce gabarit. Une version inconnue ?…
Membre de la Société Française d’Herpétologie, Elodie Courtois est une jeune chercheuse sympathique, qui a fait sa thèse d’Ecologie en Guyane. Le milieu tropical, elle aime ! Sur l’expé, elle effectue un maximum de prélèvements de ce qui pourrait se trouver sur la peau et sous les écailles des reptiles et amphibiens, particulièrement du coté champignons. Consciente que l’environnement habituel d’un spécimen lui est primordial, d’autant plus s’il est en voie de disparition, Elodie (comme certains sur l’expé) se fait un point d’honneur à remettre l’animal étudié à l’endroit où elle l’a prélevé, même si elle doit refaire un trajet de plusieurs heures… Respect !

Mais la bonne nouvelle tombe dans la soirée au retour de Rainer Dolch (le spécialiste qu’Evrard  fait venir spécialement pour identifier l’hapalémur qu’il a observé en janvier dernier) et Tiana. Ils ont localisés des Hapalémur dans un lac à deux pas du camp. Malheureusement, comme l’année dernière, il est impossible de l’identifier de loin. Il nous faut des échantillons ADN. Comment faire pour attraper cet animal capable de faire des bonds de 5 mètres de branches en branches et de grimper sans le moindre effort des parois déversantes?

Brian le chercheur de fourmis… cherche et trouve des fourmis, dont une nouvelle espèce dont il ne peut trop en dire pour le moment. Mais il déniche aussi un lieu chargé de mystères ; pour témoignage, il en ramène la photo d’une crosse de fusil, tout du moins ce qu’il en reste. Le bois est en piteux état, mais de très beaux boutons l’ornent. Difficile de dater cette pièce. Dans l’équipe, on parle de fusils portugais, mais l’imagination collective s’amuse surtout à imaginer ce qui a bien pu se passer sous cet abri…

De son coté, Thom le grimpeur aperçoit un crocodile dans le lac. « Je t’assure, il était vraiment gros, j’ai bien vu la forme !». A partir de cet instant, tout le monde gardera un oeil sur le lac. Pouvoir observer un croco dans le Makay, beaucoup d’entre nous l’appréhendent, mais l’espèrent aussi…

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