C’ÉTAIT IL Y A UN AN – Un an déjà que nous achevions la construction d’une nouvelle école et la rénovation de 3 autres dans les villages du Makay. L’année 2020 a été semée d’embûches et les urgences liées au Covid nous ont empêchés de vous raconter plus tôt ces belles avancées pour la scolarisation des enfants du Makay. Alors, accompagnez-nous pour un petit détour par les écoles de brousse de Madagascar et des chantiers bien chaleureux.
L’école aux abords du Makay : cet autre écosystème en péril
Enclavés et pauvres, les villages aux abords du massif sont dans un dénuement total en matière d’éducation. Les bâtiments sont délabrés voire inexistants. Mal rémunérés et contraints de travailler leurs rizières afin d’assurer leur propre subsistance, nombre d’enseignants abandonnent leur poste.
Dans ce contexte de faillite éducative, la défiance des parents est grande et ces derniers préfèrent mobiliser leurs enfants aux champs plutôt que de les envoyer à l’école. L’illettrisme atteint des sommets, altérant durablement les perspectives de sortie de la précarité. Il est à noter que la scolarisation des enfants est toujours la première des doléances des autorités locales.
Cas d’école à Tsiazorambo
Entassés dans une case minuscule, sans fenêtre, ni table ni chaise, une quinzaine d’enfants entre 3 et 12 ans s’est accroupie sur des nattes dans la poussière et l’obscurité. Malgré des conditions plus que précaires, ces quelques enfants dont les parents peuvent financer l’enseignement, continuent de venir à « l’école ». La masure – qui menace pourtant de s’écrouler sur les élèves et leur maîtresse – n’a rien d’une école, mis à part l’utilité que lui prêtent encore ses courageux occupants.
Lors de notre dernier passage à Tsiazorambo, petite localité du Nord Makay, les komity (les « chefs » des 5 hameaux composant le village de Tsiazorambo) avaient formulé le vœu que Naturevolution finance la construction d’une nouvelle école. La requête avait un caractère urgent et prioritaire.
Nous décidons de nous mobiliser et de profiter des missions écovolontaires estivales pour engager le chantier.
D’abord, il y a les discussions pour présenter les techniques de construction et les plans du bâtiment, le choix de l’emplacement, la construction des fondations, la main d’œuvre enthousiaste, les incessants allers-retours à la rivière pour remplir les seaux d’eau nécessaires au mélange sable et ciment. Il faut ensuite trouver les madriers pour la charpente et les encadrements de portes et fenêtres.
Les murs montent mais le chantier menace de s’interrompre par deux fois. D’abord, la livraison des sacs de ciment tarde à arriver, il faut rassurer les villageois qui s’inquiètent et s’impatientent. On négocie avec le cimentier et on finit par aller chercher nous-mêmes les sacs à Morondava (2 jours de trajet aller-retour).
Ensuite vient le tour des villageois qui, au fil des jours, ne sont plus aussi nombreux sur le chantier qu’au début. Sous l’arbre à palabres, une nouvelle fois, on s’assoit pour expliquer qu’il faudra la présence accrue et durable de plusieurs dizaines de villageois pour tenir les délais.
Bientôt, la construction reprend avec une énergie retrouvée, personne ne perd l’objectif de vue : il s’agit de doter Tsiazorambo d’une école pour la rentrée en octobre et ainsi permettre la scolarisation d’un plus grand nombre d’enfants. Ces derniers tournent d’ailleurs quotidiennement autour du chantier, leur envie de mettre la main à la pâte est parfois difficile à réfréner!
A la mi-août, le bâtiment compte ses 4 murs enduits, une dalle de béton ainsi que l’ensemble du mobilier conçu lors de la mission écovolontaire précédente. Le charpentier se charge ensuite de fabriquer les portes et les volets, et de monter la charpente. En septembre, la livraison des tôles permet la couverture du bâtiment et le traitement du bois du mobilier.
Deux missions de terrain, la participation des villageois et d’une vingtaine d’écovolontaires nous ayant rejoint sur nos missions d’aide au développement local, associés à l’expertise d’un charpentier, auront été nécessaires pour que le bâtiment de 50 m2 sorte de terre.
L’inauguration se tient le 24 septembre 2019 devant les caméras de TV Madagascar en présence d’un certain nombre de représentants des autorités régionales, parmi eux : l’adjoint au maire de Malaimbandy, le chef ZAP (responsable éducation du district de Malaimbandy), le chef cantonnement de Mahabo (autorité du Ministère des Forêts), quelques gendarmes du district, ainsi que les 5 komity de Tsiazorambo (les chefs de hameaux). L’occasion réunit tout le village et les festivités se poursuivent jusque tard dans la nuit !
Terminée juste à temps pour la rentrée scolaire 2019-2020, l’école de Tsiazorambo compte aujourd’hui 279 élèves contre une petite quinzaine l’année précédente.
Outre le bâtiment, Naturevolution l’équipe en mobiliers, fournit le matériel scolaire pour tous les élèves et s’engage à prendre en charge le salaire des 2 instituteurs. Ces derniers se partagent le temps scolaire de manière à accueillir dans la classe unique l’ensemble des enfants scolarisés à tour de rôle.
Et aussi trois chantiers de rénovation
A Sakoazato, une autre localité du Nord Makay, l’édifice, ouvert aux quatre vents, est vide de tout mobilier, ce dernier ayant été utilisé comme bois de chauffage. A l’automne 2019, à l’occasion d’un chantier écovolontaire, nous l’équipons de portes et de fenêtres et fabriquons un tout nouveau mobilier. Un an plus tard, quelques jours de travail sont dédiés à l’enduit extérieur et au traitement du bois afin de protéger ce dernier des termites.
Dans le Sud, les écoles existantes nécessitent quelques travaux – construction de varangue, réfection diverses (charpentes, toitures, enduits, etc), fabrication de mobilier et de volets.
A Beronono, l’ensemble de ces travaux est réalisé en octobre 2019 avec l’aide d’une nouvelle équipe d’écovolontaires. Le petit édifice est opérationnel quelques semaines seulement après la rentrée et accueille dès lors une soixantaine d’enfants.
A Tsivoko, le bâtiment est également dans un état médiocre, faute d’entretien (notamment des huisseries) et nous lui ajoutons une varangue afin de protéger ses murs avant la réfection de l’enduit et des huisseries prévue en 2020 (finalement reportée à cause de la crise sanitaire).
Pour permettre à tous les élèves de travailler, chacune de ces écoles reçoit des cahiers, un tableau noir, des ardoises, des craies et des éponges, des trousses, des règles et des rapporteurs, des crayons de couleurs et des stylos, des manuels scolaires, etc.
En 2019, nous avons ainsi apporté une aide à 4 villages au sud et au nord du massif du Makay, via :
- la construction d’une nouvelle école et la rénovation de 3 autres,
- l’équipement en mobilier scolaire de 2 écoles,
- la distribution de lots de fournitures pour plus de 350 enfants,
- la prise en charge du salaire de 5 enseignants.
Des enseignants formés et rémunérés pour un encadrement de qualité
Il va de soi que sans instituteur.trice, tous ces équipements seraient vains. Mais ce n’est pas chose aisée que de trouver un enseignant bien formé et volontaire, sérieux et soucieux d’assurer une continuité pédagogique. Il faut garder à l’esprit que rares sont les diplômés de l’Éducation nationale qui acceptent de venir enseigner dans les régions isolées comme celles du Makay.
Les volontaires aux postes sont peu formés, abandonnés de leur hiérarchie et, bien souvent, ce n’est pas l’Etat qui pourvoit à leur rémunération mais les familles des élèves. Ces dernières payent les frais de scolarité en nature en fournissant des portions de riz et lorsque leurs maigres revenus et leurs récoltes ne suffisent plus, elles retirent leurs enfants de l’école. L’enseignant se retrouve avec des effectifs réduits – tout comme ses ressources – et n’a d’autre choix que d’aller travailler à la rizière pour assurer sa survie.
Afin de pallier les vacances de postes, nous discutons avec les autorités compétentes pour obtenir autant de titularisations d’enseignants formés que possible. Lorsque cette demande ne peut être satisfaite, nous finançons la formation et le salaire des nouveaux instituteurs (5 enseignants en bénéficient aujourd’hui).
Les objectifs du projet « Le Makay à bonne école »
Si nous sommes très heureux de ces réalisations, nous sommes également bien conscients qu’elles ne constituent que la première pierre d’un soutien à apporter à l’ensemble des communautés du Makay afin que l’accès à l’éducation n’y soit plus l’apanage de quelques privilégiés.
À Tsiazorambo par exemple, il faudra bientôt adjoindre une deuxième salle de classe au nouveau bâtiment car les effectifs d’aujourd’hui dépassent largement sa capacité d’accueil. Certains villages du Makay n’ont même pas d’école ou bien celle-ci est presque inutilisable, comme cela était le cas à Tsiazorambo. Le préalable à la scolarisation est alors la construction d’un bâtiment.
Pour en savoir plus sur le volet Éducation du projet Makay et le soutenir,
rendez-vous sur Les enfants du Makay à bonne école !