Dimanche 10 janvier 2010
C’est une journée de grande activité pour l’équipe des scientifiques.
Les géologues sont partis en amont de la rivière Menapanda et ont trouvé des fossiles de fougères, assez récents, à 6m50 au-dessus du niveau actuel de la rivière, ils ont également suivi une piste de fossa (sorte de petit félin) et ont découvert 2 troncs carbonisés qui ont commencé à se minéraliser.
Marie-Lilith a capturé un tenrec (une sorte de hérisson) dans la forêt près du camp sur lequel elle a effectué quelques prélèvements pour l’étude ADN avant de le relâcher.
Jean Michel continue de capturer des centaines d’espèces d’insectes. Ses pièges de jour comme de nuit fonctionnent à merveille.
Jean Jacques, lui, semble déçu car il n’a vu que peu d’oiseaux. Il a cependant observé un groupe de lémuriens Fulvus Rufus.
Pour les botanistes, ce fut visiblement une excellente journée avec déjà quelques espèces nouvelles découvertes, ce qui reste néanmoins à vérifier en laboratoire.
Enfin, l’équipe des grimpeurs composées de Greg, Fredo et Evrard a comme hier buté sur des parois infranchissables et sont revenus une seconde fois bredouilles de leur tentative d’ascension vers le plateau sommital. C’est une petite déception mais ce n’est pas non plus une surprise étant donné la qualité du rocher et la raideur des versants. L’obstacle majeur est bien souvent situé en fond de canyon, les parois étant en effet presque toujours verticales. Au-dessus, les pentes semblent moins raides mais il s’agit de réussir à sortir du lit de la rivière. Or ils ont cherché longuement remontant de nombreux canyons et ce qu’ils ont vu semble les ravir mais à chaque fois qu’ils ont pu sortir du cours d’eau, ils se sont aperçus que les difficultés n’étaient que repoussées plus haut dans le versant. Ils ont aussi découvert un lac serpentant au milieu de parois gigantesques et créé par un éboulement.
Ils ont alors emmenés Tanguy et Jean pour y placer des nasses et des filets. Mais là encore, mystérieusement, cela n’a rien donné. Tanguy semble un peu désespéré. Il faut dire qu’il fait (avec Jean, l’étudiant malgache en Ichtyologie) beaucoup d’efforts et que ceux-ci ne sont pour le moment pas bien récompensés. Il semble que les rivières de ce bassin versant soient totalement abiotiques.
En fin de journée, toute l’équipe s’est retrouvée les fesses dans la rivière pour un briefing afin de décider de la suite à donner aux évènements. Une décision commune a été prise : on lèvera le camp dès le lendemain pour privilégier les autres sites d’observation.
Cette décision a frustré l’ensemble des scientifiques car ils n’ont pas eu le temps de travailler assez sur la zone. Chacun d’eux voulait au moins une journée de plus sur place. Mais tout le monde a bien admis aussi que même avec une journée de plus, cela ne suffirait pas pour réaliser un inventaire complet de la zone. Il s’agit donc de privilégier la visite du plus grand nombre de sites possibles et de voir cette expédition comme l’opportunité de réaliser quelques « coups de sonde » déjà extrêmement riches en enseignements. Ces coups de sonde donneront certainement suffisamment de matière et de résultats pour que d’autres missions soient engagées dans cette région dans les années à venir.