Madagascar est composée de 18 ethnies dont pour les plus connus, les pêcheurs Vezo et les Merinas des hauts plateaux (voir la carte de répartition des ethnies ci-contre). Nous nous pencherons ici plus particulièrement sur les Bara, l’ethnie que nous rencontrons sur toute la partie sud du massif du Makay (le nord est peuplé de Sakalava).
Les Bara sont un peuple de pasteurs semi-nomades des plateaux du centre-sud de Madagascar. Quelques milliers vivraient également à La Réunion. La population totale est estimée à environ 600 000 personnes.
D’après la tradition orale, le fondateur du peuple Bara, un certain Rabiby serait venu d’Afrique, à la tête d’un millier d’hommes. L’origine des Bara pourrait être Bantoue, population de l’Afrique sud-équatoriale, et certains avancent la similitude entre les Mbara, vivant à l’ouest de Nyassa et les Bara. Grands et minces, leur physionomie est la plus proche de celle des Africains.
Tournés vers l’élevage de zébus, les grands et forts Bara parcourent les grands espaces à la tête d’immenses troupeaux de zébus, symbole de richesse et fierté de tout un peuple. Les Bara vouent en effet un véritable culte à leur cheptel et leurs armes car les uns comme les autres assurent richesse et subsistance.
Le vol de zébus fait partie d’une tradition séculaire et reste encore bien d’actualité. Acte glorieux et courageux, plein de séduction, par lequel, le Dahalo (voleur de bétail) prouve sa bravoure et ainsi reçoit les faveurs des belles demoiselles Bara. Aussi, dès leur jeunesse, les hommes s’initient à des rodéos tauromachiques ainsi qu’aux luttes à mains nues appelées « Moraingy » ou « Ringa » (photo ci-dessous). Autrefois le ringa, sport spectaculaire, constituait un entraînement physique au combat. Certaines festivités sont accompagnées de danses et de musiques traditionnelles et sont l’occasion de réunir la population nomade Bara. La danse du “Papango” reste la plus spectaculaire. Un homme perché en haut d’un poteau de bois mime alors l’envol d’un oiseau de proie.
Redoutables guerriers, ils sont craints de toutes les autres ethnies. Ils sont aussi très indépendants et ne se sont jamais pliés à aucune directive venant du pouvoir quel qu’il soit depuis des siècles. Ils ont notamment gardé leur propre système monarchique. Ce point est important dans notre cas car cela ne va pas simplifier les choses en ce qui concerne la conservation du Makay. Il sera en effet extrêmement difficile (et nous l’avons déjà expérimenté) de réussir à faire comprendre ce que nous pensons être nécessaire dans la mesure où ils vont très probablement nous reprocher une sorte d’ingérence et réagir par rébellion en prenant le contre-pied de nos recommandations. La négociation avec les Bara sera ainsi un point déterminant pour la réussite de nos actions de conservation. Nous avons prévu d’aller rencontrer le roi lors de notre prochaine visite afin de lui expliquer nos objectifs et de tenter d’avoir son accord, un préalable à toutes nos actions dans cette région.
Leurs tombeaux sont souvent placés dans les cavités des falaises. Accès difficile et entrée obstruée par des crânes de zébus les mettent à l’abri de toute profanation éventuelle. Relisez ici le récit de l’exploration des tombeaux du Makay lors de l’expédition 2010.
Pour en savoir plus sur les Baras:
- (fr) Un site récent et très documenté rien que sur le peuple et la culture Bara
- (en) William Richard Huntington, Religion and social organization of the Bara people of Madagascar, Duke University, 1973 (thèse)
- (fr) Luigi Elli (Père), Une civilisation du bœuf : les Bara de Madagascar : difficultés et perspectives d’une évangélisation, Ambozontany, Fianarantsoa, 1993, 223 p.
- (fr) Jacques Faublée, Récits bara, Institut d’ethnologie, Paris, 1947, 537 p.
- (fr) Jacques Faublée, La cohésion des sociétés Bara, Presses universitaires de France, 1954, 158 p.
- (fr) Louis Michel, Mœurs et coutumes des Bara, Impr. officielle, Tananarive, 1957, 192 p.
- (fr) Armelle de Saint-Sauveur, Gestion des espaces et des ressources naturelles par une société pastorale, les Bara du sud-ouest malgache : implications pour une politique environnementale décentralisée, Université de Bordeaux 3, 1998, 417 p. (thèse)