17 novembre 2010, Beroroha ( 21°40’45″S- 45°10’04 » E )
« Voiture 3 à tête de convoi: on s’arrête pour remettre la galerie, la chargement a glissé vers l’avant.
- Ok, reçu voiture 3, on s’arrête pour refixer la galerie » .
La colonne de voitures immobilisée, Erik sort du 4X4 dans lequel il se trouve pour fouiller le coin. Au moment de partir, le chauffeur nous dit en montrant l’horizon qu’Erik est parti. Ce n’était pas la première fois qu’il partait en quête, le nez dans le sol, sans savoir quoi chercher, et bien souvent il revient en ayant trouver quelque chose. Quelques coups de klaxon, mais rien n’y fait, le Prof est introuvable.
Ancien ouvrier bijoutier, Maître de conférence au Muséum d’Histoire Naturelle, et membre de la Société des Explorateurs Français, Erik Gonthier est un personnage joyeux et multiple, animé par une curiosité passionnelle : paléo-pétrographie, paléo-musicologie, éthno-minéralogie (études des signes), expert en pierres précieuses… Trouver et analyser un objet ne lui suffit pas, il cherche aussi à le refaire avec les moyens de l’époque pour mieux le comprendre. Plongé sur un site, il est capable de ne plus voir le temps passer ( question d’échelle, sans doute ?). Nous le retouvons une demi heure plus tard…à environ 2 ou 3 km de là. C’est vrai que notre retard n’est plus à une demi heure près!…
Pour une fois les ennuis mécaniques nous laissent à peu près tranquille, si ce n’est que nous ne sommes pas du tout sûrs d’avoir suffisamment de gasoil. Pour m’occuper sur la piste, je me laisse dériver dans des calculs estimatifs du genre ratio optimal pour consommer le moins possible, ce qui reste assez antinomique avec le nombre de véhicules, l’état de plus en plus cassant de la piste et le caractère plus impulsif de certains chauffeurs.
Plus intéressant, nous récoltons des infos complémentaires sur les rituels concernant les morts dans la tribu des Bara, région où nous nous trouvons. Avant tout, le mort est enveloppé dans un linceul. Il est ensuite emmené sur un brancard à l’exterieur du village et posé dans la chambre funéraire d’un tombeau en pierre (environ 2,5x 3m sur 0,8m de haut extérieur), construit pour lui sur un point dominant de manière à pouvoir observer ce que font les vivants. Le mort est ensuite recouvert de petites pierres jusqu’au raz du mur d’enceinte. Personne n’y touche jusqu’à ce qu’ait lieu » la cérémonie du retournement des morts », c’est à dire 4 ans après. Durant ce rituel, les os sont alors mis dans un autre linceul ( autrefois tissé avec du fil de toile d’araignée), emportés et déposés définitivement dans un endroit choisi par la communautés des villageois. Cette cérémonie ne peut avoir lieu que si tous les membres de la famille sont présents et peu durer de 2 à 4 jours ( selon les moyens financiers de la famille). Dans les autres tribus, les rites sont différents. Par expemple, plus au Nord, le mort est posé dans une case construite pour lui à l’extérieur du village puis brûlée.
Nous finissons par passer le bac sur la rivière Mangoky, le plus grand fleuve malgache qui, d’après J.Jacques l’ornithologue malgache, traverse des paysages superbes. Nous ne sommes plus très loin de Beroroha.
Anciennement à moteur diesel ( HS aujourd’hui), une plateforme pour deux véhicules est construite sur trois bateaux assemblés. L’ensemble passe d’une berge à l’autre…à la force humaine armée de perches. Et il ya du courant!! Au moment de le faire monter sur le bac, nous nous rendons comptes que l’un des véhicules n’est plus qu’en deux roues motrices au lieu de quatre, transfert bloqué. Tout le monde le hisse tant bien que mal sur les rampes d’accés plutôt raides. Demain, nous nous enfoncerons jusqu’aux portes du Makay sur une piste superbe, mais vraiment cassante; nous devrons l’abandonner. En attendant, nous touchons Tsivoky, bourgade assez importante où nous sommes acceuillis dans la sympathique école et y retrouvons l’autre groupe, ravi de ses premières expèriences.