Covid-19 : menaces redoublées sur le Makay

Mis à jour – L’épidémie de COVID-19 continue de s’étendre à Madagascar et les communautés et écosystèmes du Makay si reculées soient-ils, en subissent eux aussi les conséquences. Naturevolution a pris des mesures pour y faire face, notamment en lançant le fonds d’urgence COVID pour le Makay.

16 Juillet 2020 : L’épidémie continue de s’aggraver à Madagascar, une pénurie alimentaire menace de se répandre en septembre lors de la prochaine période de soudure, le tourisme ne va pas reprendre avant avril 2021 et nos projets dans le Makay se trouvent fortement ralentis. Aidez-nous à soutenir les habitants du Makay pour que ce ne soient pas les forêts et les lémuriens qui payent le prix de la crise. Faites un don au Fonds d’Urgence Covid pour le Makay.

Premières mesures face à l’épidémie

Fermeture de l’Aire Protégée Makay
Suite aux premiers cas de coronavirus à Madagascar, pour la sécurité des communautés locales ainsi que pour éviter toute contamination d’espèces animales qui pourraient également en souffrir, Naturevolution a fermé au public la Nouvelle Aire Protégée du Makay le 26 mars, dans la lignée des consignes du gouvernement.

Une partie de nos équipes confinée
L’isolement de certains villages du Makay a permis aux salariés locaux de Naturevolution (pépiniéristes, jardiniers, apiculteurs) de poursuivre leurs activités sur le terrain. Les cadres de l’équipe (chefs de projets, chargés de missions et administrateurs) sont quant à eux restés majoritairement confinés à Antananarivo, Fianarantsoa ou Antsirabe dans l’attente (impatiente) de nouvelles directives de la part du gouvernement et de la reprise des transports en direction du Makay. Pour en savoir plus sur la situation générale de Madagascar, lisez notre article « Madagascar face au Covid ».

Villageois du Makay à Madagascar

Soutien médical

Centres de soin de base II autour du Makay

Dès la réaouverture des routes et des transports de marchandises en taxi-brousse, Naturevolution a pris des mesures de prévention en fournissant du matériel médical, acheté à Morondava et apporté sur le terrain à moto, en charrette ou à pied par nos équipes locales.

8 centres de soins de base (CSBII) du pourtour du Makay (Malaimbandy, Mandabe, Beronono ouest, Beroroha, Tsimazava, Sakena, Mandronarivo, Tanamary) ont été équipés en gants et gel hydroalcoolique.

7 établissements scolaires de Malaimbandy (Nord Makay) ont été équipés de masques et de gel afin que les étudiants puissent mener les examens de fin d’année dans des conditions de sécurité correctes. Une attention particulière a été portée sur cette ville car elle est située sur la RN35 qui relie Antananarivo à Morondava, un axe important de circulation.

Les conséquences de l’arrêt de l’écotourisme

Environ 260 visiteurs, quasiment tous français, découvrent le Makay chaque année, soit par le biais des opérateurs touristiques ou lors de missions écovolontaires avec Naturevolution.

Ces 260 visiteurs permettent aux communautés du Makay de bénéficier de près de 25.000€ de recettes annuelles (*) rien qu’avec les rémunérations journalières (porteurs, cuisiniers, guides, piroguiers) et les achats de nourriture et de produits artisanaux, sans compter les pourboires. Ces sommes sont considérables dans un endroit reculé comme le Makay où les revenus issus des activités agricoles quotidiennes dépassent rarement 20€ par personne.

Il faut ajouter à cette somme les droits d’entrée perçus par l’Aire Protégée, soit autour de 9.000€ annuellement, somme dont une partie revient aux communautés sous forme de salaires (écogardes) et de projets socio-éducatifs prioritaires, ou bien est investie pour développer l’écotourisme et notamment la qualité de service, la sécurité et les revenus locaux sur le long terme.

L’épidémie de COVID-19 est arrivée au mauvais moment : la fin de la saison des pluies en mars annonce en effet habituellement le début de la nouvelle saison touristique. Celle-ci n’a donc tout simplement pas pu commencer et, au vu de la situation actuelle de l’épidémie en France et à Madagascar, les voyages à Madagascar ne vont pas reprendre avant la fin de l’été (certains évoquent même la fin de l’année), et de nombreuses personnes vont privilégier des vacances en France. Une majorité de tours-opérateurs se résigne à voir 2020 comme une année blanche et n’envisage pas une reprise de leurs activités avant avril 2021.

(*) Détail du calcul : 260 touristes x 3 acteurs du tourisme locaux (porteurs, cuisinier, guides, piroguiers) par touriste en moyenne x 6 jours de visite en moyenne x 20.000Ar de revenu par acteur du tourisme local par jour = 93.600.000Ar, soit 23.400€, auxquels s’ajoutent des achats de riz, de volailles, de fruits, d’artisanat, etc.

Porteur embauché sur un circuit dans le Makay. Photo Jonathan Z Lee

Les forêts du Makay fortement impactées

L’épidémie de COVID-19 et l’absence de tourisme dans le Makay a déjà eu plusieurs conséquences directes sur les forêts du massif.

Les feux de brousse repartent à la hausse. Ils ont même triplé dans la région d’Atsimo Andrefana en avril et mai, par rapport aux années passées à la même période. Si le Makay n’est pas aussi durement touché que le reste du sud-ouest de l’île, où la situation est catastrophique, il est loin d’être indemne. Pratiquement toutes les zones forestières du Makay ont subi des feux ces dernières semaines, y compris 60% de la splendide forêt de Sakapaly dans le Nord Makay, selon notre chef de projet apiculture récemment revenu du terrain. Les alentours des villages ont brûlé de manière répétée et mi-juin, c’est une parcelle de 7000 arbres récemment reboisée qui est partie en fumée.

Le braconnage de subsistance redémarre dans certaines forêts du Makay qui n’étaient plus touchées depuis longtemps. La forêt de Menapanda, la plus grande du Makay, épargnée grâce à la mise en place de règles strictes dans le village de Tsivoko situé à proximité, a vu de nouveaux actes de braconnage. Les écogardes du Makay nous ont déjà signalés plusieurs cas de braconnage de lémuriens.

Au nord du Makay, la mise en place d’un campement militaire associé au développement touristique avait permis, depuis le début d’année 2019, une certaine stabilité en terme de sécurité. Malheureusement, cela n’aura été que de courte durée, l’instabilité économique actuelle favorisant l’augmentation des attaques de Dahalo et les vols de zébus. Les villageois ont peur de se déplacer, certains écogardes craignent d’aller sur le terrain, et nous avons eu de grandes difficultés à livrer certains villages en matériel médical tant les menaces étaient grandes.

Un propithèque de verreaux est capturé par un villageois pour être vendu.

Mise en place d’un plan d’aide pour le Makay

Face à ces difficultés pesant sur les communautés avec lesquelles nous travaillons depuis longtemps, et aux menaces qu’elles provoquent sur leur environnement, Naturevolution a lancé un appel à solidarité afin que l’épidémie ne vienne pas réduire à néant une décennie d’effort pour la protection et le développement du Makay.

L’objectif est de lever un minimum de 16.000€, une somme qui sera utilisée pour fournir :

  • une aide alimentaire sous forme de riz et d’autres légumes. Distribuée aux villageois, celle-ci a pour but d’éviter l’inflation du cours du riz et la pénurie alimentaire qui s’en suit chaque année avec des conséquences humaines et environnementales dramatiques. Or, du fait de la sécheresse actuelle, l’inflation pointe déjà le bout de son nez, le cours du riz étant déjà actuellement (fin juin) à son plus au niveau historique à Beroroha (450 ar le kapoaky). Et il est à craindre que conjuguée à la situation économique générale à Madagascar, cette inflation ne prenne encore de l’ampleur à la prochaine période de soudure à partir de septembre dernier au point d’amener le cours du riz à dépasser les 1000 ar le kapoaky, soit 3 fois le cours normal.
  • une aide financière qui sera également distribuée directement aux familles les plus nécessiteuses.

Soutenez le Fonds d’urgence COVID

Aidez-nous à réunir cette somme ! La protection de la nature passe parfois par un geste extrêmement simple mais essentiel : le don à une association qui protége un milieu naturel. Nous avons besoin de vous, tout comme les communautés et la biodiversité du Makay ont besoin de nous tous. Pour vous donner un exemple de montant, un don de 20€ permet de faire vivre une famille pendant un mois. 100% des fonds iront aux communautés locales impactées par la pandémie. Merci 🙏

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

neuf + 7 =