Texte de Christophe Dumarest, guide de haute montagne
Le massif du Makay vu du ciel est à l’image d’un cerveau humain, composé de canyons profonds et de montagnes pelées aux formes douces. Ce massif unique par sa richesse de sa biodiversité est un ravissement pour les sens. Le paysage qui le compose éblouit par sa variété et les surprises qu’il recèle. Derrière chaque colline, ou au détour de canyons sans fin, le spectacle qu’il procure au randonneur explorateur est fascinant.
La palette de vert des fougères, palmiers et autres feuillus contrastent avec les tons ocres, oranges et gris du grès qui composent les coteaux. Des papillons aux couleurs chamarrées côtoient, caméléons camouflés, serpents et lézards aux tons de sable. Le toucher et la texture de ces reptiles, procure à celui qui les manipule l’occasion d’éveiller de nouvelles sensations.
Le contact des éléments à travers le courant de l’eau sur les chevilles traversant le filet de nos chaussures, celui du sable sur le corps, ou encore la douceur de l’air sur la peau, exacerbe le toucher et nous reconnecte à nos sens en même temps qu’au rythme de la nature.
Une nature vivante qui chante, ponctuée par la mélodie d’un langage qui nous intrigue et décodée instantanément par les scientifiques qui reconnaissent l’expression des espèces dont ils sont les spécialistes. Orchestre symphonique où chacun respecte sa partition, le bruit et le cri le plus sensible participent à la cohérence de l’ensemble. Musique sacrée encore majoritairement préservée des interférences humaines. Mise en valeur et contrastée par le silence, le Makay est également une invitation à la contemplation.
A l’image des sons qui enchantent la forêt, les saveurs se succèdent, se mêlent et interpellent celui qui les respire. Odeurs fortes de lémuriens, de potamochères, de chauve-souris ou autres mammifères, de branches de palmiers en décomposition ou de sous-bois mouillé, le paysage olfactif est aussi dense et complexe que celui du regard.
Exploration extérieure autant qu’introspective, l’expérience du Makay révèle à celui qui sait écouter, certains des mystères de la vie.