Suivez le projet Nickel Impact Mitigation en accompagnant les responsables du projet dans leurs déplacements et missions sur le terrain.
Paradis des îles, enfer sur terre
En bateau entre ces 2 mondes, il est difficile de comprendre ses propres émotions. D’un côté se trouve la beauté turquoise des paysages du large, de l’autre sa destruction, sans filtre, des pelleteuses, des barges remplies de minerai et une côte rasée, orange, fumante de poussière.
L’eau au bord de la côte est ocre et trouble. Sur les îles, à 20 minutes de pirogue, elle est limpide. Les coraux, eux, ont déjà bien souffert. Seb, écovolontaire chevronné, se désole. Les fonds marins dont il est tombé amoureux il y a 6 ans semblent lutter en vain face à la puissance destructrice des sédiments miniers et de leurs polluants.
Les pêcheurs voient les stocks de poissons diminuer à vue d’œil. Eux qui pouvaient en ramener 10 kg par sortie dix ans auparavant, peine à atteindre le kilo aujourd’hui. Le manège des barges de minerais perturbe de plus la tranquillité et la sécurité de leur activité, mettant leur mode de vie en sursis.
L’équipe menée par Hams et Juliette du nouveau programme Nickel Impact Mitigation est partie sur le terrain à la rencontre des habitants de ces zones pour mieux comprendre leur positionnement et leurs préoccupations. Les interviews traduisent une multitude de points de vue.
D’un côté, la joie du moment présent est réelle, certains se réjouissent de voir leur village côtier se développer, l’électricité arriver, des salaires copieux, des nouvelles voies d’accès et des frais de scolarité pour les enfants.
Un représentant de Boenaga affirme : “Nous sommes heureux de l’arrivée de la mine qui nous a apporté de l’argent, du riz et de l’électricité.”
D’un autre côté, la colère des pêcheurs se ressent. Ils voient les ressources naturelles disparaître et ne bénéficient pas de compensation pour autant.
“Avant nous avions beaucoup de poissons, maintenant nous arrivons à peine à en pêcher suffisamment pour nourrir notre famille” raconte un pêcheur de Mbokita.
Parfois la peur de ne pas savoir à quoi ressemblera demain, dans 20 ? 30 ans ? Qu’allons nous laisser à nos enfants ? Que fera-t-on quand les compagnies partiront ? Certainement ferons nous nos valises également…
“Je reconnais que la mine apporte un grand bénéfice économique. Mais qu’est ce qu’on fera quand il n’y aura plus que les impacts négatifs et que la mine ne donnera plus d’argent ?” s’interroge un professeur de Boedingi.
Et puis l’ignorance. Pas choisie bien sûr, seulement le fruit de la non-information des compagnies minières qui utilisent la culture de l’instant présent et le filtre rémunérateur de ces activités pour ne pas permettre aux communautés de se projeter, de mesurer les impacts sur le long terme, leur enlever toute estimation de durabilité du projet minier.
“Il n’y aura pas d’impacts, les activités auront lieu derrière la montagne !” s’exclame un habitant de Matarape
Une bonne analyse de ces témoignages permet de comprendre les relations populations-compagnies minières pour agir avec pertinence sur le sujet.
Il ressort que le manque d’information sur les impacts des mines et sur les droits humains empêche les populations de réfléchir et d’agir de manière éclairée. A nous de leur donner les clés pour qu’elles comprennent leur rôle dans l’équation et qu’elles puissent se positionner librement. Nous serons là pour les accompagner sur la durée.
C’est bien là le coeur de notre programme Nickel Impact Mitigation que nous vous invitons à découvrir et soutenir ici.
Que pouvons-nous donc faire maintenant ?
En tant que citoyen européen, il est possible de participer aux concertations citoyennes pour demander un renforcement sur les lois concernant les chaînes d’approvisionnement en métaux, notamment en terme de transparence.
Non seulement en tant que citoyen mais en tant qu’acheteur, il est important de considérer notre consommation de manière plus durable. Chaque métal, et donc chaque produit électronique ou électrique, comporte son lot de destructions environnementales et sociales. A nous de faire traverser les âges et les usages à nos produits, tout en réduisant nos besoins d’appareils neufs en choisissant des systèmes locatifs ou recyclés par exemple.