11 décembre 2010
Grotte Mahitiny,
L’équipe des archéologues vient tout juste de rentrer au camp de base après 10 jours passés dans la grotte de Mahatiny : Odile Romain , Eric Gonthier, Christian Perrenoud, Narindra Rakotondrasoa et Nicolas Gilardi. S’est ajouté à ce groupe trois frères malgaches de Beronono : Paul, Pierre et Gaston Nambo. Paul a d’ailleurs été le guide d’Evrard en 2007 tandis que Pierre et Gaston étaient présents lors de l’expédition de janvier 2010. Gaston a la particularité d’être un devin guérisseur. Il est également chasseur et il connait très bien le Makay. C’est lui qui a amené Eric Gonthier et Francis Duranthon dans la grotte de Mahatiny au mois de janvier dernier pour leur montrer les peintures rupestres, les premières découvertes à Madagascar. Le but, cette fois-ci, était d’analyser les peintures de cette grotte et idéalement effectuer des fouilles mais pour cela les archéologues étaient dans l’attente des autorisations de Tana. Par chance, celles-ci ont été délivrées lorsque l’équipe était à la grotte pour l’analyse des peintures et ainsi Christian, Narindra, Eric et Paul ont pu effectuer un sondage lors de la dernière journée.
Plus de 400 peintures sont présentes dans cette grotte, c’est inespéré ! Ces peintures ont été prises en photo et ont été transposées sur des calques qui ont d’ailleurs permis de révéler certains dessins non visibles à l’oeil nu ou par photographie. Formes géométriques, des zébus et des personnages, d’après Gaston ces peintures seraient d’origine Sakalava. Le peuple Sakalava habitait le Makay avant que les Bara arrivent dans le massif. En fait, ils ont été chassés du Makay par des guerres diverses et ils ont laissé la place libre aux Bara, nomades, qui se sont alors installés et sédentarisés dans la région. A priori, ce ne sont pas les Bara qui auraient fait ces dessins et ils n’en connaissent d’ailleurs pas la signification. Par contre en creusant un peu, Gaston avait des explications sur certains dessins. Par exemple les dessins qu’on appelle les « râteaux » ont un nombre de dents et des couleurs variables. Le nombre de dents indiquerait le nombre de jours pendant lesquels prendre un remède, indication visuelle pour le patient. Il y aurait aussi des dessins divinatoires. Au fond de la grotte se trouve également un panneau très bizarre avec un enchevêtrement de dessins. Ce serait un panneau sur lequel le maître enseignait aux élèves la peinture : un très beau dessin et autour des essais de reproduction.
Les peintures contiennent une multitude de couleurs. Cette palette incroyable pourrait provenir de nids de guêpes maçonnes présents en très grande quantité dans la grotte. Des échantillons de 30 nids de guêpes ont d’ailleurs été prélevés et seront analysés afin d’établir un spectre type qui servira de référence. Il sera par la suite possible de prélever des pigments directement sur les peintures et si ceux-ci contiennent de la matière organique alors une datation serait possible. Le noir de certaines peintures serait du charbon de bois qu’il serait donc possible de dater. Une chose est certaine, les peintures représentant des zébus sont quoiqu’il arrive postérieures à l’arrivée du zébu à Madagascar (environ 12ème siècle).
Enfin le sondage de 1,50 m par 1,50 m a révélé un foyer (ancien feu de camp) à 7 cm de profondeur. Des échantillons du foyer ont été prélevés puis la zone a été soigneusement rebouchée afin de la protéger. Il s’agit du premier sondage jamais effectué et donc de la première date archéologique du massif du Makay. Ce sera le référentiel pour toutes les autres grottes à venir. C’est grâce au carbone 14 que les résidus carbonés du foyer devraient pouvoir être datés. Petit détail : le Carbone 14 ne permet pas de dater de façon précise des éléments inférieurs à 1 000 ans…
Affaire à suivre !
J’arrive un peu tard sur le site,bravo et bon retour en Europe et un bonjour à Tanguy.
Merci pour cette superbe nouvelle.
Est ce que quelqu’un pourrait nous donner les coordonnées GPS. Nous sommes un groupe de collègues qui souhaiterait y faire une expédition très bientôt malgré les pluies et les orages.
Daniela
Bonjour Daniela,
Je suis heureux de lire votre intérêt et votre enthousiasme pour ces grottes.
A vrai dire, nous connaissons l’existence de cette grotte depuis un an déjà et nous avons délibérément choisi de ne pas donner les coordonnées GPS afin d’éviter les dégradations avant que nous ayons pu faire l’étude approfondie de ces peintures et avant que nous soyons totalement certain que le site est bien géré.
Pour le moment, ce n’est toujours pas le cas, je ne peux donc pas encore vous les communiquer.
Je ne peux que vous inviter à vous rendre dans le village de Beronono et de chercher à rencontrer Pierre Nambo et son frère Gaston qui, s’ils le souhaitent, saurons vous guider sur place.
Bien à vous.
Evrard
Enfin des nouvelles des archéos et des nouvelles passionnantes.