Le Makay est non seulement un gigantesque refuge pour la faune et la flore malgache, à une époque où celle-ci est partout en recul, mais il abrite également des espèces que l’on ne trouve nulle part ailleurs.
Une faune et une flore unique au monde
Madagascar est caractérisée, de par son histoire naturelle particulière, par son taux d’endémisme, c’est à dire par la quantité d’espèces qui, parmi toutes les espèces présentes à Madagascar, n’existent nulle part ailleurs dans le monde.
Macro-endémisme tout d’abord, avec un taux d’endémisme de la biodiversité malgache atteignant 90% et plus, non seulement chez les mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens, et pour les plantes à fleurs, mais aussi parmi les invertébrés avec, pour exemple marquant, un taux d’endémisme de 97% chez les mollusques continentaux.
Micro-endémisme ensuite, puisque les espèces au sein de ces différents groupes présentent des aires de répartition restreintes à différents écosystèmes spécifiques de Madagascar, et ne sont ainsi pas représentées sur tout le territoire malgache. Ce micro-endémisme est remarquable notamment pour les lémuriens avec ~112 espèces et sous-espèces majoritairement micro-endémiques.
Une biodiversité encore peu connue
Parmi les 112 espèces de lémuriens de Madagascar, une trentaine d’espèces ont été décrites sur la dernière décennie et une douzaine est en attente de description. Et, depuis le début des années 90, plus d’une centaine d’espèce d’amphibien ont été découvertes et décrites, sur les 350 actuellement connues de Madagascar, ce qui représente un taux de découvertes trois fois supérieur à celui enregistré au niveau mondial. Une étude récente a montré que la richesse spécifique en amphibiens malgaches atteindrait 465 espèces, presque le double de ce qui est actuellement connu.
Si l’on considère que les vertébrés ne représentent que 2,7% de la biodiversité de la faune planétaire, il est raisonnable de penser qu’il existe un réservoir important de découvertes parmi les invertébrés. Les découvertes sont à attendre principalement parmi les insectes, arachnides, mollusques et nématodes et dans les écosystèmes peu étudiés car difficilement accessibles pour diverses raisons : économique, politique, pénibilité ou dangerosité des milieux, etc.
Quelles espèces trouvent-on dans le Makay ?
On trouve dans le massif du Makay six types de milieux naturels différents (forêts sèches, forêts humides, forêts marécageuses et zones ouvertes) parfois géographiquement très proches les uns des autres.
Le plus emblématique des lémuriens du Makay est sans conteste le Propithèque de Verreaux qui, bien qu’il ait été récemment classé en danger critique d’extinction par l’UICN, est aperçu fréquemment dans le massif. Le Makay abrite également des Lemurs à front roux et de très discrets lémuriens bambou (Hapalémurs), que nous n’avons pu observer que 3 fois en 10 ans ! On recense également 7 espèces de petits lémuriens nocturnes.
Écoutez le cri des hapalémurs
Enregistrement d’un hapalémur réalisé en 2010 dans le massif du Makay :
Le Makay et ses alentours hébergent 112 espèces d’oiseaux, majoritairement endémiques, sur les 297 que compte Madagascar, soit près de 40% des espèces de l’île. Cette situation est encore plus marquée pour les oiseaux de proie, avec des populations robustes pour 11 des 14 espèces diurnes de l’île, faisant du Makay un des milieux naturels les plus importants de Madagascar pour la faune aviaire.
En savoir plus sur les oiseaux du Makay
Écoutez une interview des ornithologues de l’expédition Makay 2017
Le Fossa, ce carnivore féliforme situé au sommet de la chaîne alimentaire locale, est aussi présent dans le Makay. Largement répandu sur le territoire, mais avec une très faible densité de population, on estime qu’il ne reste que 2,500 individus à l’état sauvage dans l’ensemble des aires protégées de Madagascar, faisant de la protection du Makay une belle opportunité pour l’unique prédateur des lémuriens.
Enfin, le Makay abrite la dernière grande population sauvage du palmier Ravenea Lakatra, en danger critique d’extinction.