Le massif du Makay est exposé à une forte pression anthropique principalement causée par les feux de brousse déclenchés intentionnellement. Le braconnage et les prélèvements de miel, de tubercules et de palmiers jouent également un rôle dans la dégradation des écosystèmes.
Les feux de brousse
Les feux de brousse déclenchés sur le pourtour et au sein du massif du Makay ont plusieurs origines. Sur des zones déjà utilisées par les villageois, ils sont un moyen de générer des jeunes pousses appréciées par les zébus dans les pâturages, de remettre en cultivation une terre laissée en friche – le « tavy » – ou encore de ‘nettoyer’ les alentours d’un champ.
Sur une zone occupée par de la forêt, après la coupe des arbres, le feu est utilisé pour défricher et créer de nouvelles parcelles, rendues fertiles à court-terme par les cendres. Les Dahalos, ou voleurs de zébus, utilisent aussi le feu au sein du Makay pour créer un passage au troupeau volé et le cacher à l’intérieur du massif. Allant de pair avec le phénomène des Dahalos, le feu est utilisé pour éclaircir la végétation et sécuriser les alentours des villages.
Il faut ajouter que la destruction de la forêt par le feu ne fait parfois appel à aucune tradition rationnelle ou ancestrale, mais reste une pratique culturelle bien ancrée. En savoir plus sur l’origine des feux du Makay.
Le braconnage
Le piégeage de lémuriens est pratiqué au sein du Makay, le plus souvent à l’aide de nœuds coulants (pièges « laly ») installés à un lieu de passage obligé entre deux arbres. Les espèces diurnes et de plus grande taille, comme le Propithèque de Verreaux ou le Lemur à front roux, sont les premières cibles des chasseurs. Les lémuriens sont également chassés de nuit, éblouis avec une lampe frontale et tirés au lance-pierre.
Des pièges « fandrika-andika » sont également utilisés pour la capture d’animaux terrestres, généralement les quadrupèdes. Le Fossa, un carnivore féliforme, et certaines espèces de rapaces, accusés d’être une menace pour les volailles d’élevage, sont également capturés près des villages.
Coupe illicite
Les bois de forêt sont exploités à des fins domestiques. Les bois d’œuvre et de construction sont coupés et transformés avant d’être évacués. Les espèces exploitées sont surtout le bois dur Dalbergia sp. et le Canarium sp. Cette dernière espèce figure parmi les arbres important constituant le principal refuge alimentaire pour les lémuriens du Makay en général. Ainsi donc, ce type d’extraction affecterait sérieusement les populations de lémuriens. Non seulement une source alimentaire mais l’ensemble de ces grands arbres forme également les supports vital et préférentiels de ces animaux. Ces activités sont généralement pratiquées pour pallier l’insuffisance de revenu familial chez les paysans.
Exploration minière
Des compagnies pétrolières, nationale et internationale, s’intéressent au potentiel minier du Makay. En 2012, Tullow Oil, une compagnie minière anglaise a réalisé un vaste programme d’études géologiques sur toute la superficie du Makay, avant d’abandonner l’idée de l’exploiter : « Presque la moitié de la zone du projet est dominée par le massif ruiniforme de Makay. Il est impossible de tracer un layon sismique à l’intérieur de ce massif à cause de la structure topographique (pente raide, difficulté d’accès) et la richesse biologique ». Depuis l’obtention du statut temporaire d’aire protégée pour le Makay en 2017, le gestionnaire de l’Aire Protégée est en dialogue avec le ministère chargé des mines sur la définition des noyaux durs, qui seraient alors hors d’accès à toute exploitation.
Premiers progrès
Plusieurs accords de collaboration locaux et régionaux ayant pour but la protection du massif ont été conclus, engendrant des répercussions positives auprès de certains villages : restrictions sur le braconnage et les feux de brousse, régulation des zones de pâturage des zébus, contrôle des prélèvements de bois, diminution des feux et limite de l’apicueillette, cette dernière étant souvent destructrice de l’essaim voire de l’arbre porteur. Ces premiers résultats, loins d’être parfaits, sont encourageants.
À noter que nous nous sommes aperçus de ces progrès lors de l’épidémie de Covid-19, pendant laquelle la crise économique et l’arrêt de l’écotourisme, associés à une sécheresse à une présence réduite de notre équipe sur le terrain, ont contribué au retour des feux.