Nickel Impact Mitigation

Limiter l’impact des extractions minières sur les forêts de Sulawesi

Projet :

Nickel Impact Mitigation

Le projet « Nickel Impact Mitigation » a pour mission d’atténuer les impacts sociaux et environnementaux relatifs à l’industrie minière du nickel sur l’île de Sulawesi en Indonésie. Le but est de protéger la biodiversité exceptionnelle de la région et les ressources vitales des populations locales, en incitant à l’adaptation des pratiques pour développer une filière plus durable.

Ce projet focalise son attention sur les mines et les fonderies/raffineries qui se trouvent sur le secteur dans lequel nous sommes « historiquement » actifs, c’est-à-dire celles qui se déploient actuellement dans les districts de Konawe et Konawe Utara dans la province de Sulawesi Tenggara ainsi que dans le district de Morowali dans la province de Sulawesi Tenggara, sur le littoral est de l’île de Sulawesi en Indonésie.

Mine de Mandiodo, Konawe Utara, Sulawesi Tenggara, Indonésie

Premier producteur de nickel au monde depuis 2018, l’Indonésie ne cesse de développer son industrie minière ces dernières années à grand renfort de capitaux étrangers, principalement chinois. Le véhicule électrique, prétendument en faveur de la transition énergétique, a vu ses ventes exploser ces dernières années. La production de batteries pour ces véhicules ne faisant que croître, gourmand en métaux dont le nickel, la demande explose. Sachant que les besoins en acier inoxydable ne faiblissent pas, les concessions minières fleurissent et les forêts primaires tombent.

En effet, le minerai de nickel est contenu dans le sol ultramafique systématiquement recouvert de forêts, souvent encore en bon état de conservation dans cette région jusqu’alors relativement épargnée par les activités humaines. Le minerai se trouve dans les 30 premiers mètres du sol, sous forme d’oxyde en faible concentration (teneur massique de 1,7%) nécessitant d’extraire sur de très larges surfaces. La déforestation occasionnée met à nu les sols, entraînant leur stérilisation et imperméabilisation, ainsi que la libération des polluants qu’ils contiennent, à la fois dans l’air et par la formation de boues qui entraînent la destruction des cours d’eau et de la vie marine en asphyxiant toute forme de vie. Ces dégâts environnementaux surviennent dans une région où la biodiversité est unique avec non seulement des taux d’endémisme élevés, mais également un fort potentiel de découverte d’espèces et de sites archéologiques très prometteurs et des ressources précieuses à l’heure où nos puits de carbone s’effondrent. 

Cet écocide causé par l’extraction minière s’accompagne de celui de la transformation du minerai particulièrement énergivore et productrice de déchets compliqués à gérer dans cette région tropicale avec d’importantes précipitations annuelles et une activité sismique intense. Le charbon utilisé génère une double-déforestation sur l’île de Bornéo lire l’article sur la double déforestation et libère une quantité de CO2 considérable.

Il ne faut d’ailleurs pas minimiser les impacts sociaux occasionnés : intimidation des opposants, atteinte à l’autonomie des communautés, risques sanitaires, exploitation des ouvriers… 

La nécessité de continuer à développer ce programme est urgente.

Mine de Mandiodo, Konawe Utara, Sulawesi Tenggara, Indonésie

1/ L’exploitation minière du nickel est responsable d’une première déforestation massive lors de son extraction

Le nickel se trouvant dans les couches supérieures du sol (20-30 premiers mètres), s’il n’est pas nécessaire de creuser profondément pour en trouver, il faut en revanche continuellement mettre à nue de nouvelles surfaces pour le dénicher. Dans la région de Sulawesi, l’extraction du nickel a mené depuis 2001 à la disparition de plus de 30 000 hectares de forêts primaires ainsi qu’à l’inestimable biodiversité et biomasse qu’elle protégeait. Et c’est loin d’être terminé si l’on considère la superficie des concessions actuelles, représentant un peu plus de 250 000 hectares.

2/ Elle est également responsable d’une deuxième déforestation importée

Pour obtenir la véritable matière première utilisée par les industriels, le minerai extrait doit être mis sous des conditions de température et de pression extrêmes (près de 1600°C) dans de gigantesques fonderies qui malheureusement fonctionnent au charbon. Or ce charbon est lui-même extrait d’autres mines de surface générant elles aussi une déforestation massive sur l’île de Bornéo.

3/ Elle contribue de manière notoire au dérèglement climatique

Le nombre de fonderies en activité en Indonésie devrait dépasser la centaine en 2024, sachant qu’une seule fonderie peut consommer jusqu’à 9 millions de tonnes de charbon par an et que le charbon est le combustible fossile produisant le plus de dioxyde de carbone. Le secteur du nickel est ainsi responsable d’invraisemblables émissions ; sans compter les émissions liées à la déforestation des sites d’extraction (nickel et charbon). Pour rappel, la déforestation compte pour 11,3% des émissions mondiales de CO2.

4/ Elle rend impossible toute forme de vie terrestre sur les sites miniers

L’exploitation du nickel laisse un sol acide et particulièrement concentré en métaux lourds, c’est-à-dire totalement stérile et toxique, empêchant toute revégétalisation ultérieure.
Et ce, durant des siècles.

5/ Elle anéantit toute forme de vie marine sur le long terme

Situés sous l’équateur, les sites miniers de Sulawesi complètement dénudés de leur couvert forestier subissent chaque année un ravinement intense lors des saisons des pluies, générant des millions de tonnes de boues chargées en métaux lourds qui se déversent, empoisonnent et anéantissent littéralement tous les écosystèmes marins à des dizaines de kilomètres à la ronde.

6/ Les compagnies ne respectent pas la réglementation

Malgré le fait que la loi leur impose de mettre en place des mesures pour lutter contre l’érosion et de réhabiliter les zones, on ne voit sur les terrains minés ni terrassement, ni bassin de décantation, ni barrage filtrant, ni effort de réhabilitation après exploitation. 

Le Ministère de l’énergie et des ressources minérales se déclare simplement incapable de contrôler voire même de recommander des pratiques responsables par manque de connaissances des impacts et des solutions à mettre en œuvre pour les limiter.

7/ Les études d’impact sont une mascarade

Avant d’obtenir une concession, les compagnies minières doivent réaliser et fournir au Ministère de l’énergie et des ressources minérales des études d’impacts environnementaux, sociaux et économiques. Mais ces études d’impacts, financées par les compagnies elles-mêmes, n’évoquent en rien les véritables impacts environnementaux et sanitaires ni les mesures que les compagnies prendraient éventuellement pour les atténuer. Ces études sont pourtant validées à tous les coups par le Ministère.

8/ Les compagnies ne réhabilitent jamais les sites miniers après exploitation

Les compagnies doivent payer un fonds de garantie avant toute exploitation, qu’elles ne peuvent récupérer qu’une fois la réhabilitation effectuée. Mais, d’une part, ce fonds de garantie est négocié par la compagnie elle-même alors qu’elle n’a pourtant pas la moindre idée du coût réel de la réhabilitation. D’autre part, bien souvent, elle ne le paie tout simplement pas. Enfin aucune sanction n’est prévue pour la compagnie contrevenante et aucun contrôle n’est effectué. Résultat, aucun véritable effort de réhabilitation n’a encore été engagé par aucune des compagnies existantes.

9/ C’est un des lieux les plus riches en biodiversité terrestre et marine qui est en péril

Située au cœur d’une région appelée Wallacea dans laquelle la biodiversité terrestre est considérée exceptionnelle, l’île de Sulawesi a subi des événements géologiques uniques qui ont mené à une diversification incroyable de sa flore et de sa faune terrestre et à des taux d’endémisme renversants.

Quant au milieu marin, on parle ici du cœur même du Triangle de Corail, soit la zone qui concentre la plus grande biodiversité marine au monde (30 % des récifs coralliens mondiaux et plus de 35 % des espèces de poissons récifaux).

10/ L’industrie du nickel impacte également gravement la vie des communautés humaines aux alentours

  • Les métaux lourds se concentrent dans les organismes des prédateurs tels que les poissons et leur consommation est particulièrement dangereuse pour l’homme.
  • Lors de la saison des pluies, les boues chargées de métaux lourds se retrouvent dans les eaux côtières. Le phénomène de sédimentation causé ne permet plus aux poissons de se nourrir, provoque leur migration et par conséquent, prive des milliers de familles de pêcheurs de leur ressource alimentaire et financière.
  • Les pollutions de l’eau et de l’air générées par les activités d’extraction et de transformation sont à l’origine de l’augmentation de certaines maladies, notamment respiratoires et cutanées.

Et ce n’est que le début car cette industrie est en pleine expansion.

L’Indonésie détenant les plus grandes réserves de nickel au monde et déjà aujourd’hui le plus gros producteur de ce métal – avec une part de la production mondiale de 48% en 2022 – ne cache pas son ambition de devenir le leader de la production de batteries à destination des voitures électriques. Or dans ce domaine, on estime que la demande sera multipliée par 20 d’ici 2040.

L’avenir s’annonce donc particulièrement sombre pour cette région et ses habitants.

  • Informer les populations touchées par l’industrie du nickel sur son fonctionnement, ses différentes parties prenantes et ses impacts pour leur permettre de se positionner en tant qu’acteurs éclairés sur le sujet.
  • Donner la capacité aux populations en proie des concessions minières de défendre leurs droits et de négocier des conditions d’exploitation pour que leurs besoins soient respectés et leurs ressources vitales préservées, comme les sources d’eau ou les terres agricoles.
  • Collecter des données de référence sur l’état initial des écosystèmes afin de suivre l’évolution des milieux face à la progression des activités minières et de leur transformation.
  • Identifier et explorer les zones de biodiversité prioritaires au maintien des conditions de vie de la région afin de mieux les défendre.
  • Étudier les pratiques de réhabilitation existantes des sites miniers pour contribuer à des discussions éclairées sur les pratiques durables et la restauration environnementale des territoires affectés.
  • Engager une discussion avec les institutions environnementales du gouvernement indonésien pour les inviter à renforcer la surveillance sur le respect des lois encadrant les activités minières.
  • Mener des campagnes médiatiques en Europe et à l’international pour informer sur la situation locale.
  • Informer les entreprises consommatrices de nickel  afin de les inciter à participer à l’adaptation des pratiques pour rendre la filière plus durable en faisant peser leur exigence en tant que client sur le respect des normes environnementales et sociales tout au long de leur chaîne d’approvisionnement.
Sensibilisation aux côtés de WALHI à Lalomerui, Kabupaten de Konawe, Sulawesi Tenggara, Indonésie

Au-delà d’un travail bibliographique sur les enjeux géopolitiques, écologiques et socio-économiques, des entretiens sont menés auprès des populations concernées par l’industrie du nickel, dont des travailleurs miniers, pour comprendre les dynamiques en jeu, les transformations induites par l’arrivée des mines, ainsi que les perceptions et préoccupations des différents acteurs.

Des réunions sont organisées dans les villages situés au cœur de concessions minières, où les activités d’extraction n’ont pas encore débuté. Ces sessions visent à informer les populations sur le cadre global de l’industrie minière, les impacts environnementaux et sociaux à court et long termes, ainsi que sur leurs droits.

Les communautés locales seront accompagnées dans la défense de leurs droits et dans leur participation aux discussions avec les compagnies minières, pour s’assurer qu’elles soient intégrées aux processus décisionnels relatifs au développement des activités d’extraction.

Un dialogue sera engagé avec les autorités gouvernementales et les compagnies minières pour promouvoir une prise en compte effective de toutes les parties prenantes et le renforcement du contrôle sur le respect des normes environnementales existantes.

Un volet scientifique comptera notamment la réalisation de relevés écologiques pour établir des niveaux de référence permettant de suivre les évolutions des écosystèmes au cours du développement des activités minières, ainsi que l’évaluation des projets de restauration environnementale existants

Des campagnes de sensibilisation européennes et internationales sont également réalisées dans le but d’inciter au renforcement du cadre législatif sur les importations de métaux et de mobiliser les entreprises consommatrices de nickel à inciter une chaîne d’approvisionnement plus durable.

  1. Parce que cette zone qui se trouve être malheureusement l’épicentre mondial de l’extraction de nickel est un secteur que nous connaissons bien puisque c’est exactement la zone où nous intervenons depuis plusieurs années.
  2. Parce que, malgré les richesses générées par cette industrie, le taux de pauvreté augmente dans les zones minières, ainsi que les inégalités. Ces richesses profitent en réalité, à 90% à l’économie chinoise, qui garde une main ferme sur l’industrie du nickel en Indonésie (investisseurs et compagnies minières chinois, 50% des travailleurs sont Chinois et application d’un protectionnisme industriel chinois).
  3. Parce que la santé des communautés côtières est fortement impactée par une alimentation toxique et polluée et de nombreux pêcheurs se retrouvent sans emploi.
  4. Parce que nous comptons fédérer et nous appuyer sur un réseau d’associations déjà actives et expertes dans certains domaines concernées par ce projet.
  5. Parce que nous avons de bons relais au niveau des autorités locales.
  6. Parce qu’une bonne partie du problème vient d’abord de la corruption, très présente en Indonésie et plus particulièrement, dans la province de Sulawesi Tenggara. Informer et former les communautés et les autorités locales permettent de donner les clés en main à ces différents acteurs afin d’acquérir une idée éclairée sur le sujet et prendre conscience des risques encourus sur long terme, au-delà de l’attrait pour cette “fausse” richesse gagnée par les habitants en vendant leurs terres.

Un apport couvrant l’achat des outils de mesure de polluants et les études satellitaires à mener par des organismes extérieurs compétents est indispensable dans l’atteinte des objectifs du programme. 

  • Outils de mesure de concentration en polluants dans les cours d’eau : 15 000 €
  • Une étude approfondie des surfaces déforestées par l’industrie du nickel en Indonésie depuis 2001 : 20 000 €

Des financements plus réguliers sont en outre indispensables pour assurer les activités régulières, la rémunération de l’équipe locale ainsi que du chef de projet nommé pour coordonner l’ensemble des actions prévues.

  • Le salaire d’un chef de projet : 3 000€/an
  • Les missions régulières sur le terrain d’information et d’aide aux populations afin de défendre leurs droits face aux compagnies minières : 600 €/mois

Vous souhaitez : 

  • Participer à la préservation des écosystèmes de l’île de Sulawesi en proie à l’industrie minière
  • Soutenir le développement d’une filière d’approvisionnement en métaux plus respectueuse de l’environnement et des populations qui en dépendent
  • Contribuer à garantir un avenir décent et autonome aux communautés côtières et des massifs montagneux de la région
Mine Molore, Sulawesi Tenggara

5 000 villageois situés dans des zones d’urgence environnementale côtières et montagneuses bénéficieront d’une part des campagnes d’information leur permettant d’acquérir des connaissances pour préserver les ressources naturelles dont ils dépendent et se défendre face à une industrie prédatrice.

Ce projet bénéficiera également à grande échelle à la biodiversité terrestre et marine de la région, 10 000 km2 de surfaces marines étant potentiellement impactés par les boues issues des mines de nickel tandis que la surface exploitable pour l’extraction représente environ 250 000 hectares.

Nous sommes toujours en recherche de financements pour ce projet.
Aidez-nous à le mener à bien en y contribuant !

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