Durant l’été 2017, Naturevolution a organisé une nouvelle grande expédition scientifique pluridisciplinaire dans le massif du Makay à Madagascar, la quatrième depuis 2010. Accéder au journal de bord de l’expédition.
L’expédition en deux mots
Cette nouvelle mission scientifique s’est déroulée du 22 juillet au 2 septembre 2017. Elle a eu lieu exactement dix ans après la première traversée du Makay : un événement qui a déclenché la fondation de Naturevolution, les premières expéditions scientifiques menées en 2010 et 2011, et la création de la Nouvelle Aire Protégée du Makay.
Dans ce massif, situé dans le centre-ouest de l’île, une érosion de plusieurs centaines de millions d’années a entaillé le relief de profonds canyons et vallées. La vie s’y est réfugiée et développée en quasi-autarcie, y occupant toutes les niches écologiques vacantes. Dans ces écosystèmes isolés, vierges de toute observation humaine, la biodiversité s’est épanouie et diversifiée jusqu’à conduire à l’émergence de nouvelles espèces.
Une entreprise collective
Sous l’égide de Naturevolution, plusieurs acteurs ont réuni leurs compétences pour faire de cette mission une réussite à plusieurs niveaux. La Société des Jeunes Aventuriers d’abord qui a constitué la première trame de l’équipe scientifique avec 5 étudiants du Museum National d’Histoire Naturelle de Paris. Les Gens Bien Productions et Arte, le youtubeur Leo Grasset (Dirty Biology) ainsi que NatExplorers, un duo de biologistes et médiateurs scientifiques talentueux, ont tous à leur manière filmé et valorisé le travail des scientifiques ainsi qu’explicité les problématiques de conservation.
Aurélie Calmet, l’illustratrice habituée des expéditions de Naturevolution, a amené pour la première fois ses carnets et ses pinceaux dans le Makay. Enfin, l’expédition a réuni plusieurs dizaines d’écovolontaires venus prêter main forte aux scientifiques, découvrir le Makay et contribuer au financement de l’expédition.
Une mission scientifique participative
Pour la première fois, Naturevolution a emmené sur une expédition scientifique de nombreux écovolontaires attirés par la perspective de contribuer à des projets de recherche, d’aider à la conservation du Makay et de vivre le temps d’une aventure dans une nature grandiose et reculée.
Cet agglomérat de bonnes volontés a surtout permis, dans l’esprit des sciences participatives, de réaliser en simultané des projets de comptage et de cartographie des densités d’espèces (entre autre, de lémuriens) dans les principales zones forestières du Makay : Menapanda, la plus grande forêt du Makay ; Makaikely au sud, une forêt engoncée dans de magnifiques canyons qui n’avait encore donnée lieu à aucune étude ; Mahasoala au nord, la 2ème forêt du massif, également vierge d’études scientifiques jusqu’alors.
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Des projets et des scientifiques
Cette nouvelle expédition scientifique dans le Makay a été la première à avoir lieu en saison sèche. Si cela n’a pas facilité pas les observations, plus aisées en saison humide, cela a permis en revanche d’étudier la faune et la flore dans la transition de cette période difficile. Cette expédition a été également la première à étudier les zones forestières de Makaikely et de Mahasoa, deux des plus grandes forêts du Makay, situées respectivement au sud et au nord de la grande forêt de Menapanda.
Lémuriens
Gaëtan Deltour (Naturevolution) et Anselmo Andriananandrasana (GERP)
Animal emblématique de Madagascar, c’est aussi un des mammifères les plus menacés de la planète: 94% des espèces de lémuriens apparaîssent dans la liste rouge de l’IUCN, faisant de leur conservation une priorité. Le Makay, avec 9 espèces confirmées de lémuriens, est un des endroits de Madagascar où l’on en trouve la plus grande diversité d’espèces. Un large projet a été déployé cet été pour l’étude et le suivi des lémuriens du Makay.
Cartographie des populations
Mise en place d’un suivi exhaustif des populations de lémuriens avec une cartographie systématique des groupes rencontrés. Pour aider les écovolontaires à identifier ces animaux, un outil inédit sur appareil mobile créé au MNHN a été testé sur place : CLEMURS.
Etude de l’adaptation au milieu
Des études anatomiques et morphologiques à partir de spécimens capturés ont permis de mieux comprendre l’adaptation de ces animaux dans ce milieu unique.
Etude de régime alimentaire
Des études biologiques et génétiques des fèces ont eu pour objectif de déterminer l’alimentation précise des lémuriens du Makay afin d’adapter les programmes de reforestation en fonction.
Carnivores, Rongeurs et Chauves-Souris
Margot Michaud, Rohan Mansuit, Paul Nicolas (Naturevolution) ; Martin Raheriarisena et Steven Goodman (Vahatra)
Consulter le détail du projet de recherche sur les carnivores et les chauves-souris.
Répartition et capture d’images de fossas
Les fossas, des féliformes insaisissables, sont des carnivores endémiques de Madagascar. Encore à ce jour, peu de choses sont connues sur leur présence dans le Makay. L’objectif était de mieux connaître leur répartition dans le massif et d’en capturer les premières images à l’aide de pièges photographiques.
Cartographie des colonies de chauve-souris
Des méthodes acoustiques ont été utilisées pour identifier les espèces de chauves-souris et rechercher de nouvelles colonies afin d’obtenir un premier recensement des populations dans le massif.
Etude des rongeurs
Des spécimens de petits lémuriens (les microcèbes) ont été observés. Des rongeurs ont été capturés par la même occasion, et des études morphologiques et anatomiques ont été réalisées.
Fougères, Briophytes, Angiosperme et Canarium
Catherine Reeb (Naturevolution) et Rado Ramahandrison (Université d’Antananarivo)
Inventaire des fougères et angiospermes
Cet inventaire a été effectué tant par une technique classique d’inventaire par quadrat que par des transects verticaux inédits sur les parois du massif pour en relever la flore.
Comptage des canariums des forêts du massif
Le canarium est une espèce d’arbre dont la résine est utilisée en parfumerie. Cette étude d’impact visait à déterminer si la densité des canariums est suffisante pour une exploitation à petite échelle de la résine visant à générer des revenus complémentaires aux villageois du Makay et à valoriser à leurs yeux une forêt saine.
Oiseaux
Vincent Roméra (Agence VISU), Anne-Sophie Lafuite (CNRS) et Eric Marcel Temba (Université d’Antananarivo/Asity)
Inventaire de l’avifaune
Equipés de jumelles, longues vues et appareils photos, l’équipe d’ornithologie a poursuivi l’inventaire de l’avifaune du Makay avec un focus sur les oiseaux de proie. Une base de données de sons et d’images a été constituée pour effectuer un comparatif avec les autres forêts de Madagascar. Le volet ornithologie en détail
Insectes et crustacés
Benoît Gilles (Naturevolution) et Jean-François Cart (IUCN)
Collecte et inventaire
En utilisant des méthodes très variés de collectes, ces 2 passionnés ont réalisé un inventaire des espèces en saison sèche et rechercher de potentielles nouvelles espèces.
Archéologie
Antoine Heurtel (Naturevolution)
Cartographie, recherche de nouveaux sites et stratégie de conservation
La découverte en 2010-2011 de 465 peintures rupestres (les premières de Madagascar) a mis en avant une richesse archéologique unique dans le Makay. Ce patrimoine inestimable a été étudié à travers un programme de cartographie, la recherche de nouveaux sites et des études en vue de la mise en place rapide d’une stratégie de conservation pour ces sites qui se dégradent rapidement. Des prélèvements de fragments tombés au sol ont être effectués pour datation.
Poissons
Megann Texereau (Naturevolution) et Jean Robertin Rasoloariniaina (CNRE)
Inventaire des espèces et étude de milieu
L’inventaire des espèces de poissons du Makay a été poursuivi. En 2010-2011, la découverte d’une nouvelle espèce de Pachypanchax sp. avait marqué l’expédition. Une étude approfondie de son milieu et de son aire de répartition a été au programme et l’animal a été trouvé et capturé..
Une expédition à empreinte réduite
Les véhicules tout terrain, certes confortables mais énergivores, n’ont été utilisés que lorsqu’ils étaient absolument nécessaires. Des véhicules collectifs locaux ont été privilégiés pour rallier les portes du massif, et plusieurs jonctions ont été effectuées à pied. A l’intérieur du massif le portage du matériel a été fait à dos d’homme, ce qui a apporté de surcroît un revenu complémentaire aux villageois.
Un récit sous de multiples formes
Afin de partager cette aventure au plus grand nombre et poursuivre nos actions de sensibilisation à la protection des mondes perdus, nous avons eu à coeur de communiquer sur plusieurs canaux et de manière la plus variée possible.
Un journal de bord quotidien en texte et en vidéo
Une journaliste a embarqué afin de raconter l’expédition au jour le jour en format texte et photo. Evrard Wendenbaum a présenté quant à lui sur quelques vidéos, les lieux explorés, le matériel utilisé, les recherches et actions menées sur le terrain ainsi que les membres de l’équipe.
Ces publications ont été diffusées sur le journal de bord, via Facebook et Instagram.
Un documentaire de 52 minutes
Evrard Wendenbaum, en collaboration avec Gil Kebaïli et Les Gens Bien production, a réalisé un documentaire « découverte » sur l’ensemble de l’expédition pour une diffusion en début d’année 2018 sur Arte et dans de nombreux festivals et conférences.
Un court métrage déjanté de vulgarisation scientifique
Leo Grasset, le youtubeur survitaminé de Dirty Biology a été de la partie et le résultat est excellent !
Une web-série scientifique
Les médiateurs scientifiques de talent de NatExplorers, présents sur toute la mission, ont réalisé une web-série vidéo sur les recherches des scientifiques, les enjeux et les difficultés de la conservation du Makay. Ces vidéos ont été diffusées sur Youtube et les réseaux sociaux. Elles alimenteront également la bibliothèque multimédia destinée au monde de l’éducation que nous mettrons prochainement en ligne sur notre nouveau site à venir.
Des interventions radio
Des interventions sur les ondes ont été réalisées notamment dans l’émission « Le temps d’un bivouac » sur France Inter qui a consacré plusieurs interviews en live par téléphone satellite.
Illustrations et expositions
Le travail des scientifiques et les animaux du Makay a également été magistralement illustré par Aurélie Calmet et d’Alix Thiebault, et leurs illustrations sont visibles sur le blog de l’expédition. L’expédition a également donné lieu à une exposition itinérante sur le Makay, et sera prochainement le sujet d’une exposition temporaire de plus grande ampleur.
Un livre
Après avoir partagé 3 expéditions scientifiques, Aurélie Calmet (illustrations) et Evrard Wendenbaum (Photos) préparent un livre conjoint. Un guide sur la faune et la flore du Makay est également en préparation.