Les produits d’hygiène écologiques

Les produits que nous utilisons au quotidien pour nous laver, prendre soin de notre corps, garantir notre hygiène ou encore nous protéger des moustiques, ont un impact direct sur l’environnement. Lors d’un séjour itinérant ou sédentaire dans la nature, il est important de réduire cet impact au maximum, et ce d’autant plus dans les milieux naturels reculés et/ou sensibles car ceux-ci ont jusque là été protégé des intrants chimiques et font office de refuge pour des espèces ailleurs soumises à la pression de l’homme.

Autre point important : en pleine nature, les eaux usées ne sont pas traitées comme c’est généralement le cas en ville (mais pas encore dans de nombreux pays dits en développement). Les produits appliqués sur la peau (savon, crème, anti-moustiques, etc.) glisseront tôt ou tard dans la terre ou la rivière, pendant la douche ou emportés par la sueur. Les produits chimiques ingérés (pastilles de purification d’eau, pilule, médicaments, etc.) seront également rejetés par l’organisme après leur passage dans le corps.

Nous ne cherchons pas ici à favoriser un produit ou une marque plus qu’une autre, mais tous les produits ne sont pas à égalité en terme d’impact sur la nature. Comme nous sommes directement concernés par cet impact lors de nos expéditions et de nos missions écovolontaires sur le terrain, mais aussi en tant que gestionnaire de l’Aire Protégée du Makay à Madagascar, nous rendons ici public le résultat de nos recherches et nous faisons le choix d’inclure les noms des marques et des produits pour vous aider à vous y retrouver.

Deux fougères (Marsilea et Azolla) flottantes sur l’eau. Les milieux aquatiques sont mis en danger par les composés chimiques que nous utilisons dans nos produits d’hygiène.

Considérations générales

Les concepteurs de produits pour le soin du corps regorgent d’inventivité pour concevoir des produits toujours plus vendeurs ou plus rentables : cela se traduit en terme d’ingrédients par des tensio-actifs, colorants, microbilles de plastiques, nanoparticules, parabènes, phtalates etc. Creuser le sujet peut vite devenir effrayant !

Les critères écologiques auxquels nous prêtons attention lors du choix d’un produit sont les suivants : respect de l’environnement (rejet dans l’environnement), respect de la santé de l’utilisateur, et respect de la vie animale (cruelty-free, non testé sur des animaux, voire encore végan/sans composant d’origine animale). Il pourra être ajouté le cas échéant le respect des producteurs (commerce équitable). Il n’est pas toujours facile de trouver un produit qui remplisse tout ces critères, mais certaines marques font de leur mieux.

Savon, shampooing et dentifrice

Savon – Les savons les plus naturels aujourd’hui – et depuis 3500 ans – sont les savons de Marseille et d’Alep, composées uniquement d’huile d’olive (et d’huile de baies de laurier pour le savon d’Alep). A savoir que ces noms n’étant pas des appellations protégées, leur composition n’est pas garantie et la plupart des ‘savons de Marseille’ (notamment ceux des grandes surfaces, mais pas uniquement) ne sont pas très écologiques. Pour savoir où trouver de vrais savons de Marseille, RDV sur ce guide qui recommande les marques les plus fiables.

Ces savons peuvent également servir de shampooing (en fonction des cheveux de chacun), a fortiori pendant les quelques semaines où vous serez en milieu sauvage, et sont parfaits pour laver le linge. Certains les utilisent comme dentifrice. Nous utilisions du savon de Marseille pour faire la vaisselle lors de notre expédition au Groenland : ça fonctionne, mais le rinçage à l’eau froide n’est pas évident. Polyvalent, donc léger pour le sac.

Shampooing – On trouve aujourd’hui de plus en plus de shampooings solides. Compact et légers, ceux-ci sont idéals pour les endroits reculés. Certaines marques sont particulièrement engagés pour la protection des animaux (comme LUSH, mais, sauf changement récent, ceux-ci ne sont pas biologiques). A voir si, à l’inverse, ces shampooings solides peuvent servir de savons :)

Dentifrice – Dentifrice solide disponible sur Lamazuna.
Option low-cost naturelle : bicarbonate de soude / argile verte.

Crèmes solaires

La crème solaire est un vrai problème écologique actuel. Avec 25 000 tonnes déversées dans les océans chaque année, son impact sur les milieux naturels marins est considérable, tout particulièrement sur les récifs coralliens, dont les coraux peuvent périr dans les 48h après exposition à une crème solaire toxique. La meilleure option semble être la marque éthique EQ, que nous recommandons. Il existe sans doute d’autres options, notamment pour les peaux plus sensibles.

Attention que même certaines crèmes solaires bio et/ou minérales (y compris étiquetées ‘reef safe’) peuvent soit contenir des composants nocifs (des nanoparticules notamment), soit avoir tout de même un impact nocif sur l’environnement en raison de leur mode d’action : la composition est donc toujours à vérifier. Le mieux étant de n’en mettre que si ou quand nécessaire, d’avoir des vêtements couvrants, etc.

Anti-moustique

Un répulsif sans DEET est mieux pour la nature. Cependant, de nombreux anti-moustiques ‘naturels’ s’avèrent insuffisamment efficaces en milieu tropical. Les marques Florame et Puressentiel commercialisent des répulsifs spécial zones tropicales et infestées (malaria, dengue, zika etc.), et 100% d’origine naturelle. Ils fonctionnent très bien (nous les utilisons).

Il faut aussi prendre en compte que l’anti-moustique n’est pas la seule défense à adopter face aux moustiques et aux maladies qu’ils transportent. En saison des pluies tout particulièrement, privilégier les vêtements longs. Les moustiques sont aussi plus présents à certaines heures (autour du coucher du soleil), il faut savoir s’adapter en fonction. D’autres différences sont à noter : la dengue est plus présente en zone urbaine et les moustiques la transmettant actifs en journée, tandis que la malaria est plus présente en zone rurale et les moustiques la transmettant sont plus actifs autour du coucher du soleil.

Bien entendu, ces conseils reflètent notre expérience mais ne sauraient pas se substituer à l’avis d’un professionnel de santé. Consultez un médecin qui a de l’expérience sur la région où vous allez (tous ne sont pas familier des zones tropicales par exemple).

Traitement de l’eau potable

Le mieux est souvent de simplement faire bouillir l’eau suffisamment longtemps, environ une dizaine de minutes, une méthode particulièrement adaptée aux régions froides ou tempérées. Pour se libérer de cette contrainte, nous recommandons l’usage d’un filtre mécanique qui permet de rendre potable l’eau immédiatement. Katadyn est une marque de référence. Il existe aussi les solutions Care Plus et Sawyer (durabilité/réparabilité/polyvalence à étudier).

En effet, il faut savoir que les pastilles de purification (type Micropur ou hydroclonazone) sont rejetées dans le milieu naturel par le corps et pourraient, selon certaines sources, contribuer à sa pollution. Par principe de précaution, nous recommandons de ne les utiliser que de manières exceptionnelle.

Fonds sous-marin dans la baie de Matarape. Sulawesi, Indonésie.

Hygiène féminine

Règles — Le mieux est l’utilisation d’une coupe menstruelle (type Mooncup, dont voilà un guide d’utilisation). A défaut, des serviettes/tampons biodégradables et sans saletés pour le corps (chez Biocoop, par exemple). Les serviettes en coton bio réutilisables sont possibles, mais les conditions pour les laver ne sont pas toujours adéquates.

Uriner — Le pisse-debout permet de résoudre le manque d’intimité qu’il peut parfois y avoir dans certains lieux.

Pilule — Enfin, même s’il n’est pas toujours possible de changer de méthode de contraception pour un court séjour en milieu naturel, il faut être conscient que la pilule a également un impact sur les écosystèmes naturels. Cet impact se traduit notamment par une féminisation du vivant qui atteint des proportions inquiétantes dans certains lacs.

Lavage des vêtements synthétiques

Lors du lavage des vêtements synthétiques (laine polaire, tee-shirts respirants, etc.), l’action mécanique libère de nombreuses microfibres de plastique dans l’eau, une pollution que les filtres des machines à laver et des stations d’épuration ne peuvent retenir. A fortiori, dans le cas du lavage des vêtements directement dans les cours d’eau d’une zone naturelle, les microfibres de plastique (1 à 2g par lavage) sont émises directement dans le milieu et peuvent ensuite rentrer par le bas dans la chaîne alimentaire. Un sac de lavage qui retient ces fibres pendant le lavage est donc l’idéal. Disponible ici et .

écovolontariat étude ichtyologique

Note finale

Cette page est destinée à évoluer. N’hésitez pas à nous faire part de vos conseils et de vos retours d’expérience en nous contactant.
Pour les bonnes pratiques à adopter dans la nature, rendez-vous sur notre page conseils aux écotouristes.

Enfin, ces précautions sont impératives dans les milieux naturels, mais il est bon de savoir que ces principes sont aussi valables chez nous, en ville ou à la campagne, afin de réduire notre empreinte sur notre environnement, où que l’on soit. Nos déchets et nos eaux usées vont toujours quelque part.

Sommes-nous payés pour recommander ces produits ?

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Si une marque mentionnée ou non sur cette page souhaite soutenir nos actions via un partenariat, veuillez nous contacter. Si un des vos produits correspond à nos critères et que nous avons l’occasion de le tester, nous pourrons le mentionner ici, en toute indépendance. Et dans tous les cas, nous avons besoin de votre soutien pour protéger la biodiversité de notre planète !