27 novembre 2010
Au Camp de Base, c’est le branle-bas le combat ; on déménage. Les 3/4 des membres de l’expé s’apprêtent à s’établir sur les berges du Lac d’Anontsilahy que Naturevolution souhaite explorer avec l’ensemble des scientifiques présents.
Mais avant de partir, Evrard, notre chef d’expédition se doit de répondre à une cérémonie à caractère exceptionnel : le sacrifice d’un zébu !
Pour la petite histoire, à l’occasion de ses diverses visites de courtoisie et demandes d’autorisations auprès du chef du village de Tsivoky, Evrard a reçu un accueil plutôt mitigé. La saison des pluies tarde et le parallèle est vite fait en effet entre le fait que nous (les Vazahas) puissions faire voler des machines de fer dans le ciel et le fait que nous soyons responsables des caprices du climat, de quoi attiser les colères locales.
En clair, nous provoquons quelques mouvements inhabituelles sur ces terres. Pour montrer notre bonne volonté, nous avons été invités à calmer les Esprits. Répondant à cette offre en plus de celle de nous nourrir, le zébu acheté quelques jours plus tôt par Emeric fera «l’affaire».
En tant que représentant de notre tribu provisoire, Evrard doit donc assister au sacrifice. Quand on sait combien il se trouve mal dès qu’il écrase une mouche, on imagine ce que ça lui coûte d’être quelque part responsable de la tuerie… et d’être aux premières loges.
Quelques représentants du village sont là, ainsi que quelques porteurs qui feront le «boulot». Leur chef lance à la forêt voisine, au ciel et à la terre des incantations dans lesquelles nous reconnaissons quelques termes qui reviennent à plusieurs reprises et assurent que nous en sommes bien les bénéficiaires ; Vazahas, hélicoptère, gros ballon… Puis vient le moment tant appréhendé. Après de nombreuses tentatives, les jeunes finissent par coucher le malheureux zébu (on s’y était attaché, nous !…) pour lui lier les pattes arrières, et passer l’une des pattes avant entre les cornes. Zébu immobilisé, petit couteau affûté sur une pierre, le garçon coupe la gorge puis l’artère…
Un peu plus tard, la bête est dépecée, puis découpée. Le visage de notre ami et chef d’expé est à présent… crispé est encore en dessous de la vérité…
Le travail scientifique de taxonomie exige également parfois de sacrifier quelques individus animaux et cela lui est déjà difficile à comprendre à l’heure des analyses ADN. D’ailleurs, l’un des principes sur cette mission scientifique est que, sauf exception, les animaux que les chercheurs prélèvent soient relâchés sur le lieu même de capture. Alors le fait de voir un animal aussi pacifique qu’un zébu égorgé pour une histoire de croyance locale l’insupporte au plus haut point. Evrard est décomposé.
Les villageois recevront la moitié du zébu. Et nous, le reste.
PS : Photo sacrifice, attention âmes sensibles…