26 novembre 2010, Camp de base Makay Nature (21°13’22.5’’ S – 45°19’30.6’’ E).
Brian remontait ce qu’on a pris l’habitude d’appeler la Rue Lafuma (2 chapelets de tentes perso parallèles) quand il s’arrête d’un coup, le regard figé entre deux tentes et son accent américain : «Ouaoh, interesting !»
Le voilà qu’il commence à scruter la terre à genou, à peine si le nez ne la fouille pas tel un groin. Puis il commence à écarter les feuilles, gratter le sol, le pouce et l’index pincés sur une petite chose noire : une fourmi d’une taille plus que respectable. «C’est une ouvrière et les soldats ne doivent pas être très loin.»
A peine 10 mn plus tard et excité comme un enfant devant un manège, Brian a démonté une tente, et la voix étouffée parce que la tête dans un large trou d’environ 60 cm de profondeur : «la chambre est par là, sous l’autre tente !». L’autre tente est celle d’Erik, dit «Le Prof» (archéo), qui a rejoint Brian pour participer à la scène de fouille : «Non, mais attends, tu vas quand même pas me mettre dehors ?!!… T’as déjà viré ma tente matos !» Heureusement, Brian trouve son bonheur : une fourmi soldat. Il repart sous sa tente de travail pendant qu’Erik rebouche le trou.
A l’heure où le soleil est au zénith, une dizaine de nouveaux membres de l’expé débarquent au Camp de Base : Rainer Dolch et Tiana Ratolojanahary (primatologues), Jean Robertin Rasoloariniaina (Ichtyologue), J.Noel Ndriamiary et Justin Claude Rakotoarisoa (herpétologues), Bérangère Odin (logistique), Igor Martinez (BE escalade), Christophe Dumarest (guide haute montagne) et peut-être cela vous rassurera t-il, Bruno Ringeval le médecin vient lui aussi d’arriver avec le dernier Makay Express.
Dès son arrivée , bruno en profite pour faire un bilan rapide de l’état de santé général de l’ensemble des membres de l’expé.
Paludisme, dengue, chickungunya, peste, schistosomose, bilharziose, filariose, cysticercose, rage, parasitoses digestives multiples (ascaris, trichocephale, ankylostome, taenia, anguillulose, amibe, giardiase, …)… Autant de maladies qui pourraient dissuader «l’aventurier» le plus averti et téméraire ou le chercheur le plus motivé. Mais si toutes ces pathologies sont bien présentes sur Madagascar, l’isolement du Makay devrait nous en prévenir. Par exemple les moustiques, vecteurs du paludisme (moustique femelle anophèle), de la dengue et du chickungunya (moustique aédes) semblent ne pas avoir encore élu domicile dans cet éden.
Pour les parasitoses digestives, quelques règles d’hygiène et d’alimentation suffisent. L’isolement par rapport à la population locale et de leur bétail devrait, là encore, nous éviter certains désagréments pendant le séjour et après le retour.
La rage reste une maladie endémique sur «l’Ile Rouge», transmise à l’homme par les chiens errants (1 chien mordeur sur 2 en est porteur), plus rarement par les chats, rats, lémuriens et chauve-souris. Elle implique une très grande prudence, notamment pour les scientifiques amenés à manipuler les animaux.
Les envenimations par piqûre d’araignées, de scorpions ou de scolopendres sont douloureuses mais peu toxiques. Il y a beaucoup de serpents dans le Makay, mais il n’y a peu ou pas de serpents venimeux encore connus à Madagascar.
Enfin le risque d’accidentologie reste inhérent à ce type d’expédition, avec notamment l’utilisation de moyens mécaniques et l’évolution dans des milieux plus ou moins périlleux.
«A mon arrivée au Camp de Base, en dehors de quelques bobos cutanés liés à la progression en brousse, dans l’eau la plupart de la journée et le tout baignant dans un climat tropical, l’équipe est en bonne forme physique et moral.»
Bien nous voilà rassurés…